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  • Saint Isidore de Séville, ses écrits

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    Le très long texte ci-dessous sur les écrits de Saint Isidore provient du livre "Les PETITS BOLLANDISTES" - Vies des saints - Tome IV - aimablement prêté par les sœurs du Carmel de Bessines (Voir aussi La vie de Saint Isidore)

    ÉCRITS DE SAINT ISIDORE DE SÉVILLE.
    Les ouvrages que nous avons de saint Isidore, sont :
    1° Une Chronique qui commence à la création, et finit à l'an 626 de Jésus-Christ.
    2° L'Histoire des rois des Goths, des Vandales et des Suèves, dont on n’avait, qu'une partie dans les anciennes éditions. Le P. Florès l'a publiée tout entière dans sa Spagna sagrada t. VI, ap. 12, p. 474. Cette histoire fut aussi publiée à Hambourg en 1611, et en 1597 à Leyde, avec des notes de Vulcanius. La plus complète cependant est celle d'Hugo Grotius, qui se trouve dans son Historia Gothorum, Amsterdam, 1655, publiée après sa mort dans l'édition complète de ses ouvrages, par les Elvezir, toutefois d'après un autre cahier.
    3° Les vingt livres des Origines ou des Etymologies. Saint Isidore n'avait pas mis la dernière main à cet ouvrage ; ce fut Braulion, évêque de Saragosse, qui le retoucha et qui lui donna la forme dans laquelle il est aujourd'hui. L'auteur y traite de la grammaire, de la logique, de la rhétorique, de l'arithmétique, de la géométrie, des mathématiques, de l'astronomie, de la médecine, de l'agriculture, de la navigation, de la chronologie. Il donne de courtes définitions de chaque science, avec les étymologies des mots grecs et latins, comme on les entendait de son temps. Le sixième livre est un des plus intéressants : il y est parlé des écritures de l'un et de l'autre testament, et de leur canonicité ; de la liturgie et de ses différentes parties qui sont les mêmes que celles d'aujourd'hui ; des sacrements de baptême, de confirmation, de pénitence, d'eucharistie, et de leurs effets par rapport à l'âme de ceux qui les reçoivent ; des abstinences, des jeûnes, de là nécessité de pleurer ses péchés, et de ne les plus commettre à l'avenir, etc. Le septième livre doit être regardé comme un abrégé de théologie. Cet ouvrage fut publié séparément à Venise, 1483, in-fol. ; à Paris, 1509, et à Baie, 1577, avec des scholies de Bon. Vulcanius, in-fol. — Arnold Wion nous prévient contre la dernière de ces éditions, Lign. Vit. 1. II, c. 4, p. 244, comme étant falsifiée. Utpote hæreticorum more, veneno pravitatis hæreticæ respersa. — Le cardinal Maï a publié un fragment du premier livre des Origines sur l'orthographe en écriture tachygraphique, avec explication, t. vi des Script. Vêt,
    Le Catalogue des écrivains ecclésiastiques. Il en renferme trente-trois. Ce livre parut cum notis Suffridi Pétri, Cologne, 1580, in-8° ; cum notis Miræi in Bibliotheca ecclesiastica, Anvers, 1630, in-fol. ; cum notis Schotti, inter scriptores Hispanique illustratæ, t. l, Francfort, 1603. Le P. Florès a donné une bonne édition de cet ouvrage, avec une dissertation préliminaire dans le premier tome de sa Spagna Sagrada, p. 440.
    5° Le livre De la vie et de la mort des Saints de l'un et de l'autre Testament. Il se trouve avec d'autres petits écrits du Saint dans l'édition de Haguenau, 1529, in-4°.
    6° Les deux livres Des offices divins ou ecclésiastiques, écrits vers l'an 610, et adressés à son frère Fulgent. Saint Isidore y développe parfaitement l'origine des différentes parties et des diverses cérémonies de l'office ecclésiastique. Cet ouvrage a toujours été regardé comme fort utile par rapport à la discipline de l'Eglise. Il fut imprimé à Paris, 1584, in-8° ; ensuite à Rome, avec d'autres écrivains qui traitent de la même matière, 1591, in-fol., et contrefait à Paris, 1610, in-fol. Baronius le regarde comme supposé, mais à tort ; car Braulion et Ildephonse le placent parmi les autres ouvrages du saint ; Bède, Fulbert de Chartres et Fréculf des Lexoviens (habitants des environs de Noviomagus, aujourd'hui Lisieux), l'ont aussi cité.
    7° Les deux livres Des différences ou de la propriété des verbes ; le livre Des différences ou de la propriété du discours. Ces ouvrages n'ont guère d'autre objet que la grammaire. On en fit une édition à Madrid, en 1599.
    8° Les deux livres des Synonymes ou des Soliloques. C'est une espèce de dialogue entre l'homme et la raison. Le livre Du mépris du monde, que tous les savants n'attribuent point à saint
    Isidore, est presque entièrement tiré du précédent ouvrage. Ou doit porter le même jugement de La règle de vie.
    9° Œuvres diverses de morale, qui sont : l° Discours de consolation à un pénitent trop effrayé des jugements de Dieu ; 2° Lamentation d'un pénitent sur ses péchés (en vers trochaïques) ; 3° Prière pour demander à Dieu la grâce de se corriger ; 4° Prière pour ne pas tomber dans les pièges du démon.
    10° Le livre De la nature des choses ou du monde, adressé à Sisebut, roi des Goths. Saint Isidore y répond à diverses questions philosophiques que le prince lui avait faites.
    10 bis. Le livre des avant-propos aux livres des deux Testaments (Liber Proæmiorum ad libros utriusque Testamenti).
    11° Commentaire sur les livres historiques de l'Ancien Testament. Nous n'avons dans les imprimés qu'une partie de ces commentaires, quoique saint Isidore eût expliqué tous les livres de l'Ancien Testament. Il l'appelle aussi Librum quæstionum sive Secretorum expositiones sacramentorum. Quelques auteurs attribuent à Isidore de Cordoue les commentaires sur les quatre livres des rois ; mais c'est à tort, dit D. Ceillier : ils sont du même style.
    12° Le livre des Allégories de l'Ecriture sainte.
    13° Les deux livres contre les Juifs ou le Traité de fide catholica, un des principaux monuments de son génie, dédié à une sœur qu'il aimait tendrement, sainte Florentine. Le premier traite de la naissance, de la Passion, etc., de Nôtre-Seigneur ; l'autre de la vocation des Gentils. Ils furent publiés à Haguenau, 1529, in-4°, et à Venise, 1584.
    14° Les trois livres des Sentences ou du souverain bien. Cet ouvrage est presque tout tiré des morales de saint Grégoire, pape. Garcias Loaysa l'a enrichi de notes, Turin, 1593, in-4°.
    15° Plusieurs Lettres : l° celle adressée à Redemptus, Labbe la regarde avec raison comme fausse ; 2° La Règle des moines, divisée en vingt-quatre chapitres, et adressée aux religieux d'Honori, dans la province Bétique. Elle a été imprimée dans le Codex régularum de Holstenius. 3° Lettre sur l'office des prêtres dans l'Eglise, adressée à Ludfried. évêque de Cordoue : c'est un précis du Livre des offices. L'édition Migne contient 13 lettres en tout.
    16° Le livre Du combat des vertus et des vices. Plusieurs savants attribuent cet ouvrage au B. Ambroise Autpert, abbé d'un monastère d'Italie dans le VIII° siècle.
    17° Le Commentaire sur le Cantique des Cantiques.
    18° Le livre de l’Ordre des créatures, imprimé pour la première fois dans le premier Tome du Scipilége de D. Luc d'Achéry.
    Voici le titre de quelques chapitres de ce curieux ouvrage :
    De la créature spirituelle. — Des eaux qui sont sur le firmament. — Du firmament. — De l'espace supérieur et du paradis du ciel. — De l'espace inférieur et des divers hémisphères. — Du diable et de la nature des démons. — De la nature des eaux et du mouvement de l'Océan. — De la situation de la terre. — Des diverses classes de pécheurs et du lieu des expiations. — Du feu du purgatoire. — De la vie future. Cet ouvrage commence par un chapitre consacré à la Trinité : c'était la question de l'époque en Espagne.
    On n'a aucune preuve que le Glossaire qui porte le nom de saint Isidore soit véritablement de lui.
    Quelques-uns lui attribuent à tort la Collectio conciliorum et decretalium, ouvrage d'Isidore Mercator. Baluze rapporte cependant (Præfat. in Regionem Prumiensem), que saint Isidore a fait aussi une collection de conciles et de décrétales, dans laquelle il publie, outre les synodes cités par Mercator, plusieurs autres de l'Afrique, de la Gaule et d'Espagne, ainsi que les lettres des Papes qui ont succédé à Damase. Cette collection se trouvait encore, du temps de Baluze, à la bibliothèque de l'église d'Urgel, province de Tarragone, en Espagne.


    Nous reproduisons, au sujet de cette collection, après les continuateurs de Godescard, la notice suivante, tirée des mémoires de M. Picot, t. iv, p. 300 :
    André Marc Burriel, jésuite espagnol, né en 1719, fut chargé, en 1749, par Ferdinand VI, d'examiner les archives de l'église de Tolède, sous la direction du P. Rabago, confesseur du roi. Il fit copier les manuscrits les plus intéressants, entre autres ceux de la liturgie mozarabe. Le 22 décembre 1752, il adressa au P. Rabago une lettre sur la collection d'Isidore de Séville. Plusieurs protestants, comme Blondel dans son Pseudo-Isidorus, et Koch, dans sa Notice du code de l'évêque de Strasbourg, Rachion, ont prétendu que cette collection, défigurée et interpolée, avait produit d'énormes changements dans la hiérarchie et la discipline, et qu'elle avait considérablement accru l'autorité des papes. Des catholiques ont trop légèrement adopté ces assertions. Febronius attribue aussi de grands effets à cette collection. Mais la véritable collection des anciens canons, à l'usage de l'église d'Espagne, faite par saint Isidore de Séville, existe encore intacte dans un grand nombre de manuscrits authentiques, et le P. Burriel, dans sa lettre au P. Rabago, lui rend compte des découvertes qu'il a faites à ce sujet dans plusieurs manuscrits de différentes bibliothèques du royaume. Il résulte de son récit qu'il a trouvé la véritable collection de saint Isidore en divers lieux et sans aucune altération. Il avait même mis le résultat de ses recherches en état de voir le jour, avec les variantes tirées de plusieurs manuscrits de la plus haute antiquité, par exemple de l'église de Tolède, de l'Escurial, de Girone, de Cardonne, d'Urgel et autres. Ce travail précieux étant tombé entre les mains de Charles de la Serna Santander, il le fit imprimer, en 1800, sous le titre de Préface de l'édition qu'il préparait de la collection de saint Isidore (Præfatio historico-critica, in veram et genuinam collectionem veterum canonum ecclesiæ Hispanæ, a divo Isidoro Hispalensi metropolitano, Hispaniarum doctore, primum ut creditur adornatam, consequentibus deinde sæculis ab Hispanis Patribus auctam e pluribus Mss. Cod. venerandæ antiquitatis... erutam et ad eorum fidem castigatam. Studio et opéra Andreæ Burriel. Quam accuratissime exscriptam, variantibusque lectionibus ornatam possidet Carolus de la Serna Santander, Bibliothecæ publicæ Bruxellensis custos. — in-8°, p. 114). Après avoir donné le catalogue et la description des manuscrits consultés, il prouve que saint Isidore est l'auteur véritable de cette collection, destinée dans l'origine à l'église d'Espagne, et que le faussaire qui l'a interpolée n'était point Espagnol et ne demeurait point en Espagne. Il rappelle que ce faussaire favorise plutôt les évêques et les métropolitains que le souverain Pontife, et que l'ancienne église d’Espagne a toujours reconnu, comme toutes les autres, la primauté du siège de saint Pierre puisque, dans la collection des canons faite pour son usage, elle a placé les épîtres décrétales des papes à côté et à l'instar des canons des conciles. Elle a même reconnu que cette primauté, admise dans toute l'Eglise de Jésus-Christ, n'est point fondée sur les décisions des conciles mais sur l'institution même du Sauveur. Sancta tamen romana ecclesia nullis synodicis constitutis cæteris ecclesiis prælata est, sed evangelica voce Domini et Salvatoris nostri primatum, obtinuit. (Collection manuscrite de saint Isidore, par le P. Burriel, n° 103.) Ce principe est répété au n° 84, tit. IX de la même collection. D'ailleurs, le tit. LI du liv. Ier du catalogue est intitulé : De commissa vice sedis apostolicæ ; et les nos 79, 9l, 95 et 96, prouvent qu'en effet les souverains Pontifes avaient délégué souvent une partie de leurs pouvoirs à des évêques espagnols qui y sont nommés et pour leur propre pays. Loin de contester celte primauté de l'Eglise romaine, les conciles espagnols la reconnaissent publiquement, tels que le premier concile de Brague, en 561, les troisième et quatrième de Tolède, etc. On doit former le vœu que le manuscrit que possédait feu de la Serna, soit tombé en des mains fidèles qui le donnent au public. En attendant, on n'ignore pas que plusieurs savants ont publié an moins une bonne partie de la collection de saint Isidore, savoir : Marca dans ses Opuscules ; D. Constant dans ses Lettres des papes ; le Code de l'évêque de Strasbourg, Rachion. Koch, en envoyant à l'Institut une notice de ce Code, avait conjecturé qu'il se trouvait en Espagne des manuscrits du Code falsifié, et que si l'interpolation n'avait pas eu lieu dans ce pays, elle s'était
    peut-être faite à Rome. De la Serna, dans sa réponse du 19 août 1801, lui déclare que le. P. Burriel, dans toutes ses recherches en Espagne, n'a pu y découvrir aucune trace de la fausse collection, qui y était encore inconnue au XIIIe siècle, tandis qu'on la connaissait à Mayence et dans le voisinage sur la fin du VIIIe ou au commencement du IXe ; d'où il conclut qu'elle a été fabriquée en Allemagne. Voir Feller, Dic. hist., art. Isidore de Séville, Isidore Mercator et Burriel ; — voir aussi le Journ. hist. du même auteur, an 1788, août, p. 596, et l'an 1789, décembre, p. 511.
    Enfin, ajoutons, avec les continuateurs de D. Ceillier, que cette collection est d'Isidore, en ce sens, tout au moins, qu'il la revit, l'augmenta et la mit dans un meilleur ordre : c'est ce livre des canons que le quatrième concile de Tolède ordonna de lire dans les conciles d'Espagne. Parmi les nombreuses pièces clé la collection, il n'y en a pas une seule qui ne soit authentique ; Ce qui n'est pas moins remarquable, dit Rohrbacher, c'est que parmi le grand nombre d'exemplaires manuscrits conservés en Espagne, il n'y en a pas un qui contienne des pièces fausses. La collection interpolée sous le nom d'Isidore Mercator a été inconnue en Espagne jusqu'à l'invention de l'imprimerie.
    Selon Cave, les ouvrages de saint Isidore, qui ont été perdus sont : 1° le livre des nombres ou de l'arithmétique ; 2° le livre des noms de la loi et des Evangiles (de nominibus Legis et Evangeliorum liber) ; 3° le livre des mystères du Rédempteur ; 4° le livre des hérésies.
     
    On nous saura gré de terminer par quelques maximes spirituelles extraites des œuvres de saint Isidore :
    « Quand la pensée mauvaise viendra te chatouiller, garde-toi d'y consentir ; lorsqu'elle te suggérera quelque action illicite, détourne aussitôt ta volonté ; en quelque heure qu'elle vienne, chasse-la promptement, écrase le scorpion aussitôt qu'il se montre. Brise au serpent sa tête menaçante ; dès sa naissance dissipe la suggestion maligne. Si tu résistes à la première attaque, tu seras vainqueur des autres. Si tu prends la pensée avant qu'elle n'entre dans le cœur, tu ne te porteras point à l'action. Celui qui ne se laisse pas séduire par le commencement de la tentation ne se voit pas dominé pour le consentement. Le corps ne peut être corrompu que l'esprit ne le soit avant lui. Du moment que l'esprit tombe, le corps est aussi prêt à commettre le mal. Car l'esprit précède toujours le corps dans les œuvres mauvaises ; et la chair ne peut rien si l'esprit ne le veut. Purifie donc ton esprit de la pensée du mal, et le corps ne péchera pas. Car si tu ne le veux, tu ne peux être vaincu. Ecoute donc, ô mon âme, ce que je te dis en ce moment ; goûte-le ; applique-toi à suivre mes conseils : ne te laisse souiller par aucune impureté. Le pire de tous les maux est la fornification ; elle précède et amène tous les désordres avec elle. Il vaut-mieux mourir que d'y tomber. Il est plus heureux de rendre son âme à Dieu que de la perdre par l'incontinence. La continence approche l'homme de Dieu, et là où elle se trouve, Dieu s'y trouve aussi.
    « L'empire de Dieu n'est promis qu'aux chastes.
    « Ne t'afflige pas dans tes infirmités ; dans tes langueurs, pousse tes actions de grâces vers Dieu. Préfère toujours le bien-être de l'âme à celui du corps, un esprit sain à une chair contente. Les remèdes de l'âme, ce sont les maux du corps. La maladie qui blesse la chair guérit l'esprit ; car elle consume les vices et diminue les forces des passions. Si la prospérité te flatte de son sourire, ne t'en élève pas, et ne te laisse pas abattre quand l'adversité viendra fondre sur toi. Ne te vante pas si la fortune t'environne de son éclat, et si un revers t'afflige, ne te montre pas faible et tremblant.
    « La haine éloigne du royaume de Dieu, chasse du ciel, fait tomber du haut du paradis. La haine ne peut être rachetée par les souffrances ni expiée par le martyre, ni effacée par un fleuve de sang.
    « Une petite faute en engendre une grande. Les vices croissent peu à peu, et lorsque nous ne réformons pas les insensibles, nous arrivons aux plus visibles. Evite donc les plus petits pour ne pas parvenir jusqu'aux plus grands.
    « Celui qui est sage selon le siècle est insensé selon Dieu. De là vient que le Prophète dit : L'homme enflé de sa science est devenu insensé (Jérém. x).
    « Il ne sert, de rien de faire un bien mêlé de mal, mais il vaut mieux réprimer d'abord le mal et pratiquer ensuite le bien. C'est ce qu’insinue le Prophète lorsqu'il dit : Cessez de faire le mal, et puis apprenez à faire le bien (Isaïe, XIV).


    « Les vierges de corps et non d'esprit n'ont aucun droit aux récompenses promises. Ce sont ces vierges insensées auxquelles le Seigneur dira au jour da jugement : En vérité, je vous le déclare, je ne vous connais pas (Matth. XXV, 12).
    « L'intégrité de la chair ne sert de rien si l'on n'a pas l'intégrité de l'esprit ; et si l'on est impur par l'esprit, de quel mérite est-il d'être pur de corps ?
    « Les vierges qui se glorifient de leurs mérites sont comparées aux hypocrites, qui recherchent au dehors la gloire de leurs bonnes œuvres ; celles-là ne recevront donc pas les promesses célestes, parce qu'elles s'enlèvent le. prix de la vertu par le vice de l'orgueil. Ce sont, ces vierges qui n'ont pas l'huile de l'humilité dans leurs lampes.
    « Le jeûne est le trait le plus mortel contre les tentations des démons. Ils sont tous vaincus dès qu'on leur oppose l'abstinence. De là vient que Nôtre-Seigneur et Sauveur nous avertit de résister à leurs attaques par le jeûne et la prière, en disant : Ces sortes de démons ne se chassent que par la prière et le jeûne (Matth., XVII, 20). Car les esprits immondes se précipitent avec plus de fureur là où ils voient davantage l'amour du manger et du boire.
    « Mais le jeûne, comme l'aumône, aime à être pratiqué secrètement, sans ostentation ; il ne veut d'autre témoin que Dieu, qui récompense tout ce qui est bien.
    « Le jeûne accompagné de bonnes œuvres est surtout très-agréable à Dieu. Ceux qui s'abstiennent de viandes ordinaires et qui commettent le mal, imitent les démons. Car ceux-ci ne mangent pas, et ils font le mal. Celui-là fait une bonne abstinence, qui s'abstient aussi des mauvaises actions et des plaisirs du monde.
    « Si Dieu éprouve tant les justes pendant la vie, ce n'est qu'afin de les rassasier sans fin des ineffables délices et du repos de son royaume.
    « Apprenez à ne jamais vous plaindre, quand même vous ignoreriez pourquoi vous souffrez ; et reconnaissez que vous souffrez ; justement, puisque celui qui vous juge coupable est celui dont les jugements sont toujours précédés par la justice.
    « Souvent les esprits immondes attaquent les hommes durant le sommeil ; ils troublent, leurs sens et s'efforcent de les effrayer et de les intimider. Quelquefois aussi ils travaillent leur imagination par le désespoir de leurs péchés, ils cherchent à les épouvanter en les menaçant des horribles supplices de l'enfer.
    « il est des fois où les esprits malins se jouent de ceux qu'ils voient fortement retenus par l'amour du siècle, en leur faisant naître de fausses espérances et de vains succès et ils bouleversent au contraire par d'inutiles terreurs ceux qu'ils voient trop appréhender l'adversité. C'est ainsi que ces esprits pervers accablent, d'illusions les cœurs des misérables mortels en flattant les uns d'une vaine prospérité, et effrayant les autres par d'injustes appréhensions.
    « Quant à ceux qui ne sont coupables d'aucun crime ou ne commettent que des fautes rares, ils ne sont presque jamais fatigués par ces sortes de terreurs ou d'illusions ; ils reposent d'un parfait, repos, et ils voient, quelquefois au contraire les secrets mystérieux de Sa divinité.
    « Il y a diverses espèces de songes. Les uns proviennent de la trop grande abondance de nourriture, et les autres du trop grand jeûne, ainsi que l'expérience nous l'apprend. D'autres viennent, à proprement parler, de la pensée, car nous rappelons souvent pendant la nuit les choses auxquelles nous avons pensé pendant le jour.
    « Quoique certains songes soient vrais, on ne doit pas facilement y ajouter créance, parce qu'ils viennent de différentes espèces d'images, et qu'on considère rarement d'où ils proviennent en réalité. Satan d’ailleurs se change quelquefois en ange de lumière pour nous tromper.
     « On ne pèche, point lorsque, malgré soi, on est le jouet des nocturnes imaginations ; mais c’est un péché si, avant de les avoir, nous les désirons et prévenons par la pensée. Les images impures que nous éprouvons réellement pendant la journée apparaissent souvent dans l'esprit pendant le sommeil ; mais elles ne nous souillent point si nous ne les provoquons pas par nos désirs, ou ne leur donnons pas de consentement,
    « Par la prière nous sommes purifiés, par la lecture nous sommes instruits. L'un et l'autre moyens sont bons, s'ils nous sont accordés, sinon, il est mieux de prier que de lire.
    « Celui qui veut être toujours avec Dieu, doit fréquemment prier et lire très-souvent. Car en priant nous parlons à Dieu lui-même, et lorsque nous lisons, c'est Dieu lui-même qui nous parle.


    « Toute instruction vient par la lecture et la méditation. Ce que nous ignorons, en effet la lecture nous l'enseigne ; et ce que nous savons, la méditation nous le conserve.
    « Ce double avantage, la lecture des saintes Ecritures nous le donne par excellence, soit parce qu'elle développe l'intelligence, soit parce qu'en retirant l'homme des vanités du monde, elle le conduit à l'amour de Dieu.
    « La vie active, c'est l'innocence des bonnes œuvres ; la vie contemplative, c'est la spéculation des choses célestes. L'une est commune à plusieurs, l'autre n'est le partage que d'un petit nombre.
    « La vie active consiste à user bien du monde : la vie contemplative renonçant au monde ne place ses délices que dans la jouissance de Dieu.
    « La vie active est comme le sépulcre de la vie mondaine, et la vie contemplative le sépulcre de la vie active.
    « Cependant les Saints savent passer de temps en temps du secret de la vie contemplative, aux travaux de la vie active, et ils reviennent avec joie de l'une à l'autre, soit pour louer Dieu au dedans, soit pour le glorifier au dehors.
    « Les animaux de la vision d'Ezéchiel, qui allaient et ne revenaient pas, représentaient la persévérance de la vie active ; et ces animaux qui allaient et revenaient, figuraient la mesure de la vie contemplative, de laquelle on descend de temps en temps par le poids de son infirmité et à. laquelle on remonte de nouveau après avoir renouvelé son intention.
    « L'œil droit qui scandalise et que le Seigneur ordonne d'arracher, c'est la vie contemplative. Deux yeux au visage de l'homme, sont deux vies : l'une active, l'autre contemplative. Mais celui qui par la vie contemplative est exposé à tomber dans l'erreur, doit revenir à la vie active, car il vaut mieux se sauver par l'action, que de se plonger dans l'enfer par la contemplation ».
     
    Le style de saint Isidore est clair et aisé ; mais on y chercherait en vain l'élégance et la politesse, ce qu'on doit principalement attribuer au siècle où l'auteur écrivait. Il règne dans ses œuvres morales un ton de piété qui touche et attendrit. Les autres ouvrages de saint Isidore montrent qu'il était un savant universel.
    Jacques de Breul, bénédictin, donna à Paris, en 1601, une édition de tous les ouvrages de saint Isidore, avec les notes de divers auteurs, recueillies et augmentées par Jean Grialus. Ils furent. réimprimés à Cologne en 1617.
    L'édition donnée par Jean Grialus à Madrid, en 2 vol. in-fol., 1778, est excellente et fort bien exécutée ; mais on préfère l'édition donnée par Fauste Arevali, et imprimée à Rome en 1797- 1803,1 vol. in-4 ». L'édition de Jacques de Breul est incomplète et à très-bas prix.
    L'es œuvres complètes de saint Isidore occupent 4 vol. de la Patrologie de M. Migne 81-84. Les volumes 85 et 86 contiennent la liturgie mozarabe.

    Nous avons tiré cette histoire de ce qu'en ont écrit saint Braulion et saint Ildefonse, et de la vie de saint Isidore composée par un chanoine de Léon, que les continuateurs de Bollandus ont donnée au public.