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  • Billet d’humeur

    Jean-Etienne de Linarès, délégué général de l’ACAT
    p. 11 de « Humains », magazine chrétien des droits de l’homme.

    « Je ne veux plus personne dans la rue d’ici la fin de l’année. »,
    a déclaré Emmanuel Macron fin juillet 2017.
    « Waouh, il est gonflé, le gamin », s’est écrié l’abbé Pierre depuis son coin de paradis.
    Plus fort que Jospin et son zéro SDF en cinq ans. »
    Pourtant, l’abbé reste sceptique.
    Son fameux appel de l’hiver 54 a maintenant 63 ans. Comment réussir en six mois ?

    Six mois plus tard, la réalité a rattrapé les beaux discours.
    Un simple coup d’œil aux abords du périphérique suffit pour le constater.
    Aussitôt les seconds couteaux volent au secours du grand-chef imprudent.
    Faute de loger les SDF, le Secrétaire d’État Julien Denormandie
    s’efforce jusqu’à l’absurde de les faire disparaître des statistiques,
    lui qui dénombre « une cinquantaine d’hommes [qui] dorment dehors ».

    Quant à Christophe Castaner, patron de LERM, il constate que malgré les efforts du gouvernement,
    « des hommes (…) refusent d’être logés ».
    Alors l’abbé Pierre commence à se mettre en rogne.
    Même de là-haut, il voit que les moyens sont loin d’être à la hauteur des besoins.
    « Monsieur Castaner, dit-il, ne faites pas d’une poignée d’hommes
    qui veulent conserver leur dignité les boucs émissaires de l’incurie de votre politique.
    Essayez donc d’appeler chaque jour le 115 encore et encore ?
    Accepteriez-vous de dormir dans des dortoirs bruyants, puants et dangereux ?
    Ne trouvez-vous pas honteux de laisser entendre que ceux qui dorment dehors sont responsables de ce qui leur arrive ?
    Comme les chômeurs qui refusent de travailler ou les femmes violées qui seraient aguicheuses et imprudentes.

    « Terrible inversion des responsabilités. »

    Le 13 février, le président Macron a pourtant fini par reconnaître son échec :
    « Nous n’avons pas réussi. » Fort bien. Mais il ajoute :
    « Parce que la pression migratoire reste forte en fin de trimestre. »

    Ben voyons !
    Comme si les réfugiés n’étaient présents que depuis le mois d’octobre.
    Comme si les migrants venaient prendre les places d’hébergement de nos SDF ;
    un peu comme ils prennent déjà le travail de nos chômeurs.
    Un argument du niveau des Le Pen, père et fille.

    Alors cette fois, tout là-haut sur son nuage, l’abbé pleure.
    De rage
    .

    Texte à retrouver dans la revue "HUMAINS" proposé par Joseph Chesseron