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  • Prier la Liturgie des Heures en communauté avec Marie ALABAU

    Prier la Liturgie des Heures en communauté avec Marie ALABAU

    Prier la liturgie des heures demande de dépasser ses peurs !

    Au-delà du petit jeu d’assonance, il a semblé utile de lever quelques peurs et doutes entourant la prière de la liturgie des Heures. Pendant longtemps, cette prière a semblé réservée aux moines et aux moniales ou, d’une manière générale, aux personnes consacrées alors qu’elle concerne tout le peuple de Dieu. En préambule, nous rappelons que les ministres ordonnés (prêtres, diacres, évêques) ne s’engagent pas à célébrer la messe tous les jours (même s’ils le peuvent et que c’est une bonne chose) mais à prier la liturgie des Heures, comme le dit ce passage du Rituel des ordinations : « Voulez-vous garder et développer un esprit de prière conforme à votre état et, dans la fidélité à cet esprit, célébrer la liturgie des Heures en union avec le peuple de Dieu, intercédant pour lui et le monde entier ? »
    (Rituel des ordinations §200)

    1. La liturgie des Heures, qu’est-ce que c’est ?

    « La prière publique et commune du peuple de Dieu est considérée à juste titre comme l’une des fonctions principales de l’Église. Dès le commencement, les baptisés « étaient assidus à recevoir l’enseignement des Apôtres, à participer à la vie commune, à la fraction du pain et aux prières » (Ac2, 42).
    Les Actes des Apôtres attestent à plusieurs reprises que la communauté chrétienne priait d’un seul cœur. Le témoignage de l’Église primitive nous apprend que les fidèles s’adonnaient à la prière individuelle aussi à des heures fixes. Dans la suite, en diverses contrées, la coutume s’est établie assez rapidement d’affecter à la prière commune des moments déterminés, comme la dernière heure du jour, lorsque tombe le soir et qu’on allume la lampe, ou la première, quand vers l’apparition de l’astre du jour la nuit touche à sa fin.
    Avec le temps, on allait sanctifier par la prière commune d’autres heures encore, comme cela était suggéré aux Pères par la lecture des Actes des Apôtres. Ceux-ci nous montrent en effet les disciples rassemblés (pour la prière) à la troisième heure2. Et le prince des Apôtres « monta à la chambre haute, pour prier vers la sixième heure » (10, 9) ; « Pierre et Jean montaient au Temple pour la prière de la neuvième heure » (3, 1) ; « Au milieu de la nuit, Paul et Silas, en prière, louaient Dieu » (l6, 25). »

    (PGLH §1).

    • Lien inséparable de « l’enseignement, la vie commune, la fraction du pain et la prière », autrement dit la foi, l’espérance et la charité ou encore le jeûne, l’aumône et la prière.
    • La prière sanctifie le temps, notamment au lever et au coucher du soleil. On a vu les limites d’un temps non sanctifié tout particulièrement durant le confinement : tout est pareil, chaque jour se ressemble, les heures d’égrènent sans sens.

    2. Et la messe, alors ?

    « Pour accomplir leur tâche de sanctification, les curés veilleront à ce que la célébration du sacrifice eucharistique soit le centre et le sommet de toute la vie de la communauté chrétienne ». (Décret Christus Dominus, sur la charge pastorale des évêques).

    « Si l’enjeu est bien de cultiver cette mémoire pascale [le dimanche], on peut se demander si nous ne souffrons pas d’une excessive concentration eucharistique qui tend à appauvrir notre expérience liturgique. Certes, la messe dominicale et paroissiale est bien le sommet indépassable de la vie chrétienne. Mais comment l’Eucharistie pourrait-elle apparaître comme sommet si elle constitue, comme c’est souvent le cas, la seule manière de célébrer ?

    Pour que le sommet apparaisse bien comme tel, il est décisif qu’il soit comme entouré et soutenu par un ensemble de pratiques qui ne sont ni secondaires ni inférieures, mais ordonnées à ce sommet eucharistique. » (Fr. Patrick Prétot, OSB, Eucharistie, Assemblée, Dimanche).

    Frein n°1 : où trouver les infos ?

    • Sur le site www.aelf.fr, rubrique « Les heures » : elles y figurent toutes, avec leur déroulement immuable. Le site existe aussi sous forme d’application (gratuite)
    • En version papier, la collection « Prière du temps présent ». 1590 pages !

    Frein n°2 : je ne sais pas quoi chanter

    • Ne chantons pas ! C’est dommage, mais on peut tout simplement lire les textes. Même en lisant, on peut varier les formes : un verset soliste, un autre par tous. Un verset lu par des femmes, l’autre par des hommes etc..
    • Formons-nous ! La formation à la psalmodie existe, elle peut être demandée (et va se mettre en place). Il s’agit de la forme la plus simple, la plus nue du chant.
    • Écoutons des exemples : en visitant des communautés (chacune chante d’une manière différente) ou en écoutant les offices retransmis chaque jour en direct sur toutes sortes de canaux.

    Frein n°3 : je m’ennuie

    • Bonne nouvelle ! C’est que quelque chose se passe. Comme pour une majorité de disciplines, on ne rentre pas de manière toujours immédiate dans une forme de prière inconnue.
    • La liturgie des Heures produit son fruit au fil des heures et des jours. Si l’on s’ennuie un jour, cela ne veut pas dire toujours !

    Frein n°4 : je trouve cette prière triste

    • Effectivement, cette forme de prière peut nous surprendre. Essayons déjà de ne pas plaquer sur elle toutes nos projections idéologiques de peur ou d’ennui. Je trouve cette prière triste, peut-être ; cela ne veut pas dire que c’est le cas de mon voisin, des enfants en général ou de la vieille sœur à la maison de retraite.
    • Parfois, la prière elle-même reflète la tristesse humaine. Elle a pour vertu de nous décentrer de nos petites vies pour nous faire entrer dans la dimension universelle de la prière de l’Église : certains de mes frères souffrent alors que moi, non ; je m’associe néanmoins à leur prière et à leur cri.

    Des raisons de prier la Liturgie des Heures

    • C’est une demande de l’Église ! L’Église demeure en prière dans l’attente du retour du Christ. Elle sanctifie le temps en lui adressant des prières, se laissant modeler par elles.
    • Il y a, dans toute prière liturgique, une dimension de communion. Lorsque tous les chrétiens, ministres ordonnés, consacrés/consacrées, laïcs prient tous les mêmes textes tous les jours, le Corps du Christ se renforce.
    • La liturgie des Heures ne rend pas obsolète d’autres formes de prières : elle prépare à l’eucharistie du dimanche, elle invite à l’oraison personnelle (prière silencieuse), elle débouche naturellement sur la louange et n’exclut pas la piété populaire (intercession de la Vierge Marie et des saints).
    • Les temps de prière de la liturgie des Heures peuvent également rejoindre la charité puisque cette prière (courte) peut être priée au domicile, dans les familles, dans une chapelle, à l’hôpital, en prison, dans les transports…Dans tous les lieux de la vie de tous les jours.

    Bibliographie/sitographie

    Présentation générale de la liturgie des Heures
    https://liturgie.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/11/import/pdf/importPRESENTATION_GENERALE_DE_LA_LITURGIE_DES_HEURES.pdf

    Décret Christus Dominus, sur la charge pastorale des évêques dans l’Église https://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vatii_decree_19651028_christus-dominus_fr.html

    Prière du temps présent. Paris. Desclée de Brower. 2004. 1590 pages

    JOIN-LAMBERT Arnaud (dir), ABELOOS Jean-Marc, LEPAGE Jean-Luc, PRETOT Patrick. Donner du goût à nos liturgies. Revue « Lumen Vitae » (coll. Trajectoires). 2019. 100 pages

    Pour écouter

    Tous les jours, sur KTO TV https://www.ktotv.com/guide/
    Laudes et messe (7h30), prière du milieu du jour (12h30), vêpres (17h45)

    Pendant l’Avent et le Carême : retraite dans la ville https://www.caremedanslaville.org/

    Éditions Kinnor (chant moanstique) https://www.voix-nouvelles.com/boutique/kinnor-editions

    Pour les aventuriers

    GELINEAU Joseph. Traité de psalmodie. La Roche-sur-Yon. Voix nouvelles Éditions. 2022.