Pâques 2022 à St-Hilaire
Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! « Ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas ». Voici que ce récit de ce jour n’évince pas les difficultés à croire en la résurrection… Et rejoint ainsi nombre de nos contemporains ! Car, depuis plus de 10 ans, les sondages montrent qu’un français sur dix, seulement, croit en la résurrection du Christ (Cf. TNS Sofres / Logica pour Le Pèlerin en 2009). Beaucoup avancent le manque de preuves tangibles pour croire. Or, s’il y avait des preuves, nous ne serions pas dans le registre de la foi. A-t-on des preuves d’un Amour ? Certes, nous pouvons avoir des attestations, mais jamais de preuves !

Cela dit, dans les mêmes sondages, un Catholique pratiquant sur deux croit en la résurrection. Chacun pourra lire ce chiffre à sa guise. Mais, évidemment, je m’étonne comme Paul auprès des Corinthiens en son temps : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu » (1 Co 15, 14). Croire en la résurrection, voici le cœur de la foi des baptisés que nous sommes. Voici le cœur de ce que nous avons cherché à vous transmettre, à vous catéchumènes. Être chrétien c’est croire que la vie triomphe sur la mort, que la haine n’a jamais le dernier mot, que Dieu, le Vivant, transcende le temps. Avec nos yeux de chair, je peux comprendre que parfois cela est difficile à reconnaître. Mais, croire, c’est justement accepter d’adopter un autre regard. Celui qui reconnaît Dieu ici et maintenant, vivant et présent.

Dès lors, il est étonnant que ceux qui avaient suivi le Christ aient, eux aussi, du mal à croire ! Il n’a cessé de les inviter à convertir leurs regards et leurs cœurs. Alors pourquoi n’ont-ils pas cru les femmes au matin de Pâques ? Personne ne le saura avec certitude. Mais une raison qui peut être avancée, c’est que, précisément, leurs yeux étaient aveuglés. Ils attendaient un gouverneur, libérateur. Christ est mort en croix, comme un criminel. Ils attendaient le messie triomphant, dominant. Christ a refusé toute violence. Ils attendaient un grand prêtre, juif. Christ s’est manifesté dans un petit enfant et dans toute personne fragile. Alors évidemment, personne n’a pu voir dans les femmes celles choisies par Dieu pour annoncer sa résurrection d’entre les morts. Pourtant, croire en la résurrection, c’est inaugurer un nouveau monde, un nouveau temps, où chacun participe à la vie divine.

Oui, croire en la résurrection ce n’est pas qu’affirmer avec des mots une réalité de foi. C’est déjà agir comme Dieu, ici et maintenant, pour que notre monde soit plus juste et que chaque humain soit toujours revêtu de sa dignité. Chers baptisés de Pâques, permettez-moi de vous lancer ici un appel : trop de catholiques pratiquants, en France, se retranchent derrière leur « foi » pour affirmer avec force leur engagement politique ou moral. Mais cela ne peut se vivre sans un même engagement concret pour un monde plus juste et solidaire. Nous ne sommes pas une tribu qui développe ses codes, ses normes, ses rites à la manière d’un lobby. Nous sommes ce Peuple de Vivants qui cherchons à insuffler la vie là où la mort semble triompher, comme l’a fait le Christ-Jésus. Voilà aussi ce que signifie croire en la résurrection.

Dès lors, affirmer notre foi en la résurrection peut être rationnel : toute attestation de notre engagement au service de la vie est une manière de proclamer ce Mystère que nous célébrons en ce jour. Que le Christ, le Vivant, nous fortifie dans nos choix et nous permette ainsi de proclamer notre foi par des actes concrets : Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

P. Julien DUPONT