• Logo
  • Les Obsèques de Bernard BELLEC, en l’église St-Jean-Baptiste - vendredi 3 mars 2023

    - Mot d’accueil par le père Serge LOISEAU
    - Homélie par le père Julien DUPONT
    - La messe du dimanche 2 avril à 9H30, jour des Rameaux, en l’église St-Jean-Baptiste sera célébrée à l’intention de Bernard Bellec

    - Mot d’accueil par le père Serge LOISEAU

    Mot d’accueil deu P.Serge Loiseau

    Ça n’est pas tout à fait un hasard si c’est dans cette église de quartier, construite ici en 1992 au Clou-Bouchet, donc sous l’une de ses mandatures, ce n’est pas un hasard si nous nous retrouvons ici pour dire au-revoir à Monsieur Bernard Bellec…chez l’homme public que nous avons connu, il y avait aussi l’homme de convictions, le croyant au Dieu de J.C. qui avait, si j’ose dire, et très discrètement, choisi de prendre ses marques ici…et puis, l’âge venant, et avec aussi une organisation paroissiale autre , avec surtout la maladie et les dépendances qu’elle implique parfois, cette présence s’est espacée pour tout simplement un jour s’arrêter… sa vie aussi s’est arrêtée, il y a quelques jours…*
    Nous voilà donc, avec sa famille, ses amis, avec ceux et celles qui ont collaboré avec lui pour cette ville en particulier et l’agglomération, nous voilà rassemblés pour lui dire au-revoir…pour tenter aussi d’évaluer ce qui s’est passé sur cette route que nous avons prise ensemble… bien sûr, dans le respect et la discrétion que cette situation impose…

    Cela, nous allons pouvoir le faire par la prière, cette prière, silencieuse ou collective à laquelle une foi commune et partagée nous invite presque tout naturellement…cette foi reçue pour lui dans sa Lorraine natale, par sa famille d’abord, et qui sera vécue à travers le Scoutisme, ou encore un peu plus tard, auprès d’une équipe de prêtres de la MdF, dans cette Algérie qui l’a durablement et douloureusement marqué…cette foi en Dieu et en l’Homme, synonyme de convictions, qui pousse à poser parfois des gestes signifiants, comme cette participation quasi régulière au ‘’Cercle du Silence’’, chaque dernier mercredi du mois , au bas de la Brèche, pour manifester avec d’autres, par une présence silencieuse, le souci du traitement et de l’accueil réservé aux étrangers ou aux migrants chez nous…
    Cela, nous allons pouvoir l’évoquer aussi à travers des textes bibliques, des prises de paroles aussi faites d’amitié, de relations ou de collaboration rendues possibles, comme le prolongement tout naturel d’une vie bien remplie et qui en révèle le sens…
    Sur cette route, sans doute aussi des contrariétés et des accidents qui l’ont rendue peut-être plus difficile, pour ne pas dire plus douloureuse, en attestent en particulier ces derniers temps…

    C’est avec tout cela, avec ce que nous savons de l’épaisseur d’une vie, que nous entrons maintenant dans ce temps de célébration…

    * impression que le chemin que nous avons fait ensemble ressemblait parfois à de la ‘conduite accompagnée’, sans trop se soucier de qui tient le volant… !
    P. Serge LOISEAU


    - Homélie pour les obsèques de Bernard BELLEC
    Vendredi 3 mars 2023, en l’église St-Jean-Baptiste

    Homélie du P.Julien Dupont

    À la gauche du Christ… n’y a-t-il donc que des boucs ?! Pardonnez-moi cette approche si simpliste, mais l’Évangile que nous venons d’entendre m’interpelle en ce jour : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire (…) il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche » (Mt 25, 31 ss). Sur de nombreux tympans de cathédrale comme à POITIERS ou dans la magnifique abbatiale de CONQUES, cette scène biblique est représentée avec cette interprétation d’un monde où « les bénis  » sont d’un côté et « les maudits » de l’autre. Cette vision du « jugement dernier » habite notre imaginaire collectif, avec d’autres notions comme celles de l’enfer et du paradis. Ceux qui sont à gauche sont-ils-donc maudits pour toujours ?

    La Parole de Dieu n’est pas là pour glorifier les uns et dénigrer les autres. Toujours, Dieu nous appelle à une vie meilleure, au bonheur. La question centrale n’est donc pas celle d’un positionnement à la gauche ou à la droite du Christ, mais d’un regard. Nous contemplons, rien qu’aujourd’hui, la foule de celles et ceux qui sont « sans beauté ni éclat, devant qui on se voile la face  » (Is 53,2), ceux qu’on oublie, ou même qu’on évite parfois de regarder : les sans-abris, les malades, les étrangers, les prisonniers… et la liste pourrait continuer. Appelons-les les invisibles. Oui, c’est notre regard vers nos frères et sœurs qui sont devant nous auxquels l’Évangile nous presse, non pour nous lamenter, mais pour reconnaître notre égale dignité.

    À la gauche du Christ, c’est le titre d’un livre paru il y a un peu plus de 10 ans (2012) où un historien et un sociologue ont retracé l’aventure de ces personnes engagées politiquement avec leurs combats et des idéaux qu’ils portaient… au service du bien commun, c’est-à-dire dans une recherche incessante du bien, du beau, du juste et du vrai, et ce, pragmatiquement. Ce sont toujours des personnes qui s’engagent au service des autres, quels que soient leurs enracinements. Les chrétiens n’ont pas le monopole de la justice sociale, mais ils ont l’impérieuse nécessité d’y concourir.

    Autrement dit, l’enjeu de cet Évangile, c’est bien de regarder face à nous, celles et ceux qui sont invisibles et de jauger nos propres choix pour nous engager sur le chemin de cette attention aux autres plus qu’à nous-mêmes. Notre frère Bernard, en s’engageant au service des habitants de notre territoire, a su mettre en œuvre ce triptyque bien connu de la communauté chrétienne : voir, juger, agir. Il a su puiser dans notre Tradition une forme d’introspection, mais surtout un désir d’un monde meilleur, où chacun a sa place ; d’un monde de « gloire » pour reprendre l’expression biblique.

    Au jour où le Christ fut crucifié, deux larrons se tenaient, l’un à droite et l’autre à sa gauche (Mt 27, 38 ss). Les Écritures n’indiquent justement pas où était situé le « bon larron », mais insiste sur une contradiction entre, d’une part, l’appel à ce monde meilleur instauré et voulu par Dieu et, d’autre part, le slogan du monde contemporain : « sauve-toi toi-même  ». Mes amis, pour vivre en chrétiens dès ici-bas, personne ne peut compter que sur lui-même. Tous, nous avons besoin d’un autre. Tous, nous pouvons être tantôt invisibles et exclus, tantôt capables d’agir pour le bien… Les acteurs du monde politique le savent bien. Mais toujours, l’expérience humaine nous démontre que seuls, nous sommes perdus. Voilà pourquoi nos vies n’ont de sens que reliés, toujours habités par le sens des relations humaines.

    Bernard nous réunit ici, dans cette église dont la construction l’a marqué. Et ce rendez-vous sonne pour nous comme une occasion d’être reliés, habités par ce désir de vivre en frères et sœurs. Ce projet n’a rien d’impossible ou d’utopique. Il dépend seulement de notre ferme volonté à nous décentrer de nous-mêmes. Comme nous l’avons entendu, Bernard, dans sa jeunesse, a été scout. Il a donc appris à prendre soin du plus petit, en faisant ce geste lors de son engagement. Nul doute que, dès lors, il a souhaité étendre cet engagement pour reconnaître combien tout humain est une histoire sacrée. Que ce même engagement au service d’un monde meilleur où, plus que des murs, nous bâtissons des ponts entre tous, soit ce qui nous relie. Amen.

    P. Julien DUPONT, curé de Niort

    - La messe du dimanche 2 avril à 9H30, jour des Rameaux en l’église St-Jean-Baptiste sera célébrée à l’intention de Bernard Bellec