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  • Lc 2, 1-14 Homélie de la nuit de Noël 2023, Notre-Dame – NIORT

    Qu’y a-t-il de plus beau que de voir naître un nouveau-né ? Il est porteur

    Homélie de la nuit de Noël 2023, Notre-Dame – NIORT

    d’un avenir et d’une espérance nouvelle ! D’ailleurs, l’Évangile de cette nuit insiste sur la « grande joie » de ce jour… montrant que toute personne présente, comme les bergers, est « enveloppée de lumière ». Cependant, un contraste est aussi saisissant dans l’Évangile que nous venons d’entendre : non seulement, le nouveau-né n’est pas vraiment accueilli « car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune », mais aussi le temps est marqué par ce grand « recensement », recensement effectué pour pouvoir compter, et in fine, dominer autrui. Comme si l’individualisme et les volontés de toute puissance de notre temps trouvaient un écho avec l’époque de la naissance du Christ-Jésus… Ainsi nos obscurités sont intimement mêlées à lumière reçue en cette nuit de Noël. Cela est une merveilleuse espérance pour nous qui, bien que marqués par tant d’épreuves et de difficultés – à commencer par le mal qui nous ronge – redécouvrons la splendeur de cette nuit très sainte. Oui, quel que soit l’état de la crèche de notre cœur, Dieu peut y faire sa demeure ! Oui, quelle que soit la vie des bergers qui « passaient la nuit dans les champs (…) la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière ».

    Mais, derrière cette affirmation de foi, se trouve une formidable Bonne Nouvelle pour notre temps. Alors que notre temps nous présente l’Intelligence Artificielle (IA) comme une nouvelle manière d’être performant, alors que nous comptons sur nos forces pour trouver notre bonheur dès ici-bas, l’Évangile vient nous présenter un autre style de vie. La fragilité du petit-enfant de la crèche est une formidable opportunité pour reconnaître que tout humain est d’abord un être vulnérable. Étymologiquement, vulnerare signifie qu’il y a une blessure, comme quelque chose de froissé ou d’endommagé. Jésus est semblable à toute femme et à tout homme de notre temps, excepté le péché. Autrement dit, ce qui marque sa vie, c’est bien cette incapacité à être puissant à la manière où nous l’entendons ordinairement. Dieu nous laisse libre de l’accueillir… ou de le refuser, comme au jour de sa venue en notre monde. Cette vulnérabilité de Dieu est pour nous un appel. Ne cherchons pas à dominer autrui, à lui imposer notre point de vue, à s’enfermer dans des certitudes.

    La « crainte » des bergers – c’est-à-dire leur sentiment de se sentir si petit devant l’infinie beauté de cette nuit – oriente notre regard vers ce style de vie proposé par l’Évangile. Avoir la crainte de Dieu et des autres, voilà ce qui peut guider nos choix de vie. La crainte n’a rien à voir avec la peur, mais avec la reconnaissance de notre insuffisance. Autrement dit, cette nuit de Noël nous invite à l’humilité, cette humilité qui caractérise le Dieu de Jésus-Christ, « lui qui est riche, il s’est fait pauvre, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » (2 Co 8, 9). Saisir l’infinie grandeur de Dieu, non dans ses titres, mais dans sa manière d’être, voilà ce qui anime notre prière de ce jour et doit guider nos choix comme chrétiens, ici et maintenant.
    Amen.
    P. Julien DUPONT