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  • Et si nous lisions ensemble... la Bible ?

    La mission de Moïse (Ex 2, 23- 3, 12)


    Après un long temps de méditation, il s’agit maintenant de comprendre
    le sens du dialogue de Dieu avec Moïse.
    Un pasteur paisible.

    Il nous faut partir de Ex 2, 23-25. Nous sommes encore dans un cadre
    my­thique, puisque le narrateur fait parler Dieu directement avec Moïse.
    Cela ne signifie nullement qu’il n’y a pas là une réalité historique
    (la révéla­tion du Dieu vivant à Moïse), mais elle est ra­contée
    d’une manière imagée, concrète, pour dire la vérité et la profondeur
    de l’expé­rience intérieure du prophète. Le narrateur nous dit
    quelle est la clef du récit qui va suivre : Dieu entend le cri de son
    peuple qui souffre. Plus exactement ce peuple est bien le peuple élu, mais
    il n’a pas encore été constitué comme tel. Le vocabulaire utilisé
    nous situe après les événements, car il n’y a d’histoire qu’au
    passé.

    Après ses malheurs en Égypte (risque d’infanticide, risque de mort
    après avoir défendu un de ses frères, risque de dénonciation), Moïse
    pense alors mener une vie tranquille de pasteur. Il sera pasteur, certes,
    mais pas au sens où il le pense, car Dieu va se mêler de son histoire
    personnelle.

    Le narrateur déroule son récit de deux points de vue : celui de narrateur
    objectif (et de Dieu) et celui subjectif de Moïse. Ainsi au départ Moïse
    ne sait pas ce que nous savons : Dieu se manifeste.

    Une curiosité
    _ Moïse va donc garder les troupeaux de son beau-père. Chemin faisant, il
    tombe sur un buisson qui brûle. Banalité ? Certes, a priori, rien que de
    très normal dans une région où règne la sécheresse. Ce qui est
    étonnant, c’est que ce buisson brûle fort mais ne se consume pas. Le feu
    dure. Moïse veut comprendre. Il y a là un mystère. Le berger tourne
    autour pour « cerner » le fait étonnant.

    Un phénomène ordinaire, devient une énigme extraordinaire et se
    manifestera comme révélation du vrai Dieu.

    Dieu parle
    Dieu se manifeste par son ange, messager de Dieu. Et il le fait par une
    phénomène qui dépasse la raison. Un voix appelle, une voix sollicite ;
    Dieu intervient directement. Le lieu où se tient Dieu n’est plus un lieu
    ordinaire, d’où un phénomène naturellement anormal. Le lieu où Dieu
    se tient est un temple, c’est-à-dire au sens étymologique, un lieu
    séparé de l’espace profane.

    Dieu appelle Moïse par son nom. Ce dernier répond méditativement : « Me
    voici ! ». Ainsi, Dieu sollicite la liberté de Moïse qui pourrait ne pas
    répondre. Cependant, la réaction de Moïse est celle de tout homme devant
    la manifestation de la divinité ; il se voile la face car nul ne peut voir
    Dieu sans mourir (Ex 33, 20).

    Dieu se situe dans l’histoire. Il veut intervenir en faveur de son
    peuple. Mais il passe par les humains, en particulier par les prophètes.
    La narrateur détaille longuement la situation du peuple et l’écoute
    attentive et favorable de Dieu qui parle de « son » peuple, avant même
    qu’il soit historiquement constitué. N’est-ce pas l’affirmation de la
    prescience divine ?

    L’envoi en mission
    Après avoir décliné sa relation aux Pères, ce qui lui donne autorité
    auprès de Moïse, Dieu lui donne une mission précise : libérer son
    peuple. Mais, notre homme n’a pas du tout envie d’aller affronter
    Pharaon, un des monarques les plus puissants du monde connu. Il a
    d’ailleurs un bon argument : il n’est que berger, alors que Pharaon est
    un militaire et dispose d’une solide armée. Moïse a bien conscience de
    ses limites. Moïse aura le pouvoir d’affronter pharaon, non parce que
    Dieu lui donnera une force individuelle, mais parce qu’il sera « avec
    lui ». Nous trouvons la même formule à la fin de l’Evangile de
    Matthieu (Mt 28, 20). Dieu veut libérer son peuple non pour qu’il fasse
    ce qu’il veut de sa liberté retrouvée, mais pour le service divin, pour
    honorer Dieu. Ce sera la revendication essentielle de Moïse face à
    Pharaon (Ex 5, 1 ; 6, 11 ; 7, 16 ; 8, 14...).

    On peut ainsi voir une progression dans la révélation de Dieu.

    C’est tout d’abord la simple manifestation d’une divinité. Dieu est
    d’abord le Dieu de l’Horeb, parmi tant d’autres dieux. Cependant il
    est, El, le dieu des hauteurs et à ce titre il est premier parmi les
    dieux.

    Il s’identifie ensuite comme le Dieu des Pères. Ce Dieu est déjà
    honoré dans l’histoire du clan de Moïse. Il a donc autorité pour
    s’adresser à lui.

    Cette révélation est inachevée ; elle le sera par la suite. C’est là
    un aspect de la « pédagogie » de Dieu.

    Alain.