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  • La maison de Pierre à Capharnaüm

    De nos jours des pèlerins du monde entier partent pour la Terre d’Israël marcher sur les pas du prophète Jésus (son nom araméen était Yéshoua). Beaucoup de sites en effet évoquent les faits et gestes du Christ, telle l’ancienne cité de Capharnaüm. La ville a été décrite par les évangélistes : Marc, en bon conteur qu’il est, nous rappelle avec force détails la vie de ceux qui ont suivi Jésus à Capharnaüm ; Matthieu (Lévy) qui était le chef de la douane de cette ville frontière était en contact permanent avec les commerçants de passage et les autorités locales juives et romaines.

    A l’époque de Jésus, au 1er siècle, Capharnaüm était une ville très animée en raison de sa situation, ville frontière sur la Via Maris, ouvrant les pays de la Méditerranée aux richesses de l’Orient.

    Kaphr Nahum, sur la rive nord du lac de Tibériade, n’est mentionnée que dans le Nouveau Testament. L’apôtre Pierre y habite, ce qui explique pourquoi Jésus, venant de Nazareth, en fait le centre de son activité en Galilée.

    Ainsi on comprend que l’une des premières fouilles en Palestine, à la fin du 19ème siècle, fut pratiquée sur le site de Capharnaüm, en particulier à l’endroit concernant la synagogue (lieu de prière pour les juifs).

    La synagogue que l’on peut visiter aujourd’hui a été construite fin du 4ème siècle, début du 5ème siècle. Elle avait été édifiée sur un remblai de basalte ; les archéologues ont pensé dans un premier temps que c’était la base de la synagogue du 1er siècle où le Christ a prononcé son discours sur le Pain de Vie (Jn 6). Ce n’est qu’une hypothèse ; le site de la synagogue fréquentée par le Christ reste à déterminer.

    Dès le début du 20ème siècle les archéologues ont donc dégagé les éléments de la synagogue ; mais les travaux les plus importants ont été réalisés en 1968 par les archéologues Stanislao Loffreda et Virgilio Corbo qui ont mis en valeur un groupe de maisons constituant le village de pêcheurs à proximité du port de la cité antique.

    Les maisons de pêcheurs étaient construites avec des pierres de basalte cimentées avec de l’argile ; le sol était de terre battue ; le toit était constitué de branchages fixés dans la glaise. Ce genre de toit pouvait se défaire assez facilement ; ce fut le cas lors de la guérison d’un paralytique (Mc 2, 1-12).

    L’une de ces maisons a attiré l’attention des chercheurs. Elle se situait sous les fondations d’un édifice religieux, une église de forme octogonale (construite au 4ème siècle). Cette maison (5,80m x 6,45m) était bien différente des autres par le fait que les murs avaient été recouverts de plâtre.
    A l’intérieur de cette maison, les fouilles ont permis de dégager des objets usuels du 1er siècle, en particulier des plats en terre cuite, des lampes à huile. Parmi les indices trouvés dans la maison, on relève des graffiti sur les murs plâtrés : 9 en araméen, 151 en grec,13 en syriaque,2 en latin

    ICHTUS (poisson)
    Anagramme de Jésus.Signe des chrétiens

    Ces graffiti mentionnent les mots (ici traduits en français) : Seigneur – Messie – Jésus – Christ – Pierre… Les archéologues ont relevé des dessins de croix, de barques de pêcheurs, des dessins de poissons, comme autant de signes chrétiens.

    Ont été retrouvés aussi des monnaies du 1er siècle, des hameçons révélant que cette Maison avait été habitée par des pêcheurs du Lac, sans doute par la famille de Pierre et son frère André.

    Hameçons

    Au 4ème siècle, cette maison (bien qu’elle ressemble aux autres maisons découvertes sur le site) s’est trouvée isolée du reste de celles qui l’entouraient par la construction d’un grand mur de 120 m de long sur tout le pourtour ; dans cette enceinte avaient été pratiquées des entrées.

    On a conservé au centre de cet enclos la pièce centrale de la Maison du 1er siècle. A cette époque on a construit un édifice religieux octogonal (évoqué plus haut) probablement pour protéger l’emplacement de la maison vénérée, la maison de l’apôtre Pierre.

    On peut penser qu’il s’agit alors du petit édifice dont parle la pélerine Egérie.
    Egérie est une dame célèbre qui entreprit en 380 un pèlerinage en Terre Sainte et en a fait une relation précieuse : « La Maison du Prince des apôtres a été transformée en église. Les murs de la Maison cependant ont été conservés dans leur état originel ».

    Quelques années plus tard, au 5ème siècle, l’emplacement est aménagé différemment : on conserve bien sûr la pièce centrale de la Maison du 1er siècle ; une petite abside a été ajoutée du côté est ; peut-être s’agit-il d’un baptistère ; en effet il était de coutume à cette époque d’adjoindre aux églises un baptistère côté est, côté du soleil levant, symbole de résurrection.

    L’église octogonale du 4ème siècle était connue des pèlerins du 6ème siècle mais fut détruite par les Perses en 614.

    La Maison de Pierre est restée dans l’oubli jusqu’à ce que des archéologues la dégagent des ruines en 1968.

    Peu de lieux en Israël nous rapprochent autant des personnages évangéliques qui occupent une place privilégiée dans la Tradition chrétienne : Jésus et les apôtres.

    Pendant plusieurs décennies, les visiteurs (et j’ai eu cette chance) pouvaient encore voir le résultat de ces fouilles dans leur environnement naturel ; mais les Franciscains (Custodie de la Terre Sainte), responsables de ces lieux, en 1990 ont décidé de construire une église qui recouvre les vestiges décrits ci-dessus.

    Aujourd’hui, hélas, les visiteurs n’ont accès à la Maison de Pierre que par une ouverture pratiquée dans le plancher de la nouvelle église ; ce qui constitue une solution peu heureuse.

    L’évangéliste Marc vous invite à une promenade
    dans la ville de Jésus et de Pierre, en relisant : Mc 1, 29-39

    En 1986, sur le bord du lac,
    découverte d’une barque de pêcheurs
    semblable à celle de Pierre

    Vue générale du village de pêcheurs

    Père Joseph GUILBAUD

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