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  • L’Esprit nous pousse à l’accueil

    L’arrivée des migrants nous rappelle que l’Église est née de peuples divers. De tout temps, l’Espérance a été son moteur et lui a permis de surmonter les difficultés. C’est l’Esprit, à l’œuvre dans tous les hommes et partout, qui lui ouvre un chemin. Alors, nous sommes invités à l’audace et à l’ouverture, fondement du christianisme.

    Nous avons en tête que la Bible nous invite à l’ouverture à l’autre. Cette ouverture prend aujourd’hui pour nous le nom d’hospitalité. L’hospitalité va toujours dans les deux sens : on ne peut pas se contenter, ou de donner, ou de recevoir.

    La communauté des croyants, que nous appelons l’Église, à cause du Christ qui rassemble tous les hommes, porte dans ses gènes de façon irrévocable, inaliénable, l’ouverture à d’autres formes d’humanité, d’autres civilisations, qui enrichiront cette Église tout au long de son histoire.

    Ainsi tout repliement sur soi, toute volonté de restauration vécue comme un retour en arrière, considérant le passé comme supérieur au présent et plus sûr que l’avenir, sont contraires à ce qu’est l’Eglise dans son être même. Car, fondamentalement, elle vit en Christ qui est hier, aujourd’hui et demain. L’Église n’est plus l’Église si elle ne vit pas d’espérance, car Christ, toujours, est devant.

    Ce qui renforce cette manière de penser l’Église, de penser sa mission, de penser son action au cœur du monde, c’est la conviction que l’Esprit ne nous a pas attendus pour travailler au cœur de tout être humain et de toute civilisation.

    Qu’ont fait, et que font, les mouvements d’Action Catholique, la Mission ouvrière, la Mission de France (et j’en oublie sans doute) sinon de se mettre d’abord à l’écoute du monde parce qu’ils sont persuadés que l’Esprit nous précède sur toute route humaine. Cette écoute, cette volonté de dialogue désintéressé, est la condition première de la mission.

    Je reste persuadé que l’ l’Esprit « parle aux Églises », pour reprendre l’expression de l’Apocalypse (Apocalypse = révélation), à travers cette crise des migrants. Ne laissons pas nos civilisations prétendument chrétiennes se gagner par la frilosité, par la peur, par le repli sur soi. En prenant cette posture, elles se renient elles-mêmes, elles tournent le dos à ce qu’elles prétendent être. Rejoignons tous ceux qui travaillent à l’ouverture de nos sociétés, car, dans cette tâche, nous ne travaillons pas seuls. C’est présentement le service le plus urgent que nous pouvons rendre à notre humanité.

    Prenons conscience que nos sociétés, nos Eglises, loin d’être menacées par les migrants, ne peuvent qu’être enrichies par ce qui se passe aujourd’hui. Cette crise nous fait sortir de nous-mêmes et, par le fait même, nous fait grandir. En même temps, ces personnes qui viennent d’ailleurs nous apportent ce qu’elles sont, leur humanité. Comme croyant, j’affirme que Christ, par eux, vient nous visiter.

    Pour ce qui me concerne, entre une prétendue naïveté qui construit des ponts et une réelle fermeture qui construit des murs, mon choix est vite fait.

    Joseph Chesseron
    Prêtre de l’Église qui est à Poitiers.

    Texte paru dans la revue de la Mission de France "Paroles de Mission"