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  • Je crois qu’il va faire beau aujourd’hui…Je crois en ma bonne étoile…Je crois au progrès…Je crois aux valeurs de la République…Je crois qu’il y a quelque chose au-dessus de nous… Je crois en la bonne foi de ce témoin…Je crois en Jésus Christ, Fils du Dieu vivant…

    Que de nuances à ces différents ‘Je crois’ !

    Ce temps de Pâques ne nous invite-t-il pas préciser ce qu’est la foi des chrétiens ? Déjà j’entends certains contester la légitimité même d’une telle question : « Ma foi, je la détermine tout seul ; je n’ai besoin d’aucune autorité, quelle qu’elle soit, pour me dire ce que j’ai à croire. »

    Ces quelques lignes n’ont pas la prétention de contraindre quiconque : la foi est toujours une démarche libre. Elles ne diront pas tout de la foi. Elles veulent résumer ce que les Eglises chrétiennes, au-delà de leurs divergences, peuvent proclamer d’une même voix.

    Le chemin de foi : un chemin d’Evangile

    Depuis le début de l’aventure chrétienne, des hommes et des femmes ont vécu la foi et l’ont annoncé de vive voix. Les Ecrits sont venus ensuite. Les lettres, en particulier celles de Paul, étaient faites pour suppléer, précéder ou expliquer une parole vivante adressée à des êtres de chair. L’Evangile (la Bonne Nouvelle de Jésus Christ) a commencé à être annoncé oralement dans des communautés. Les quatre Evangiles, écrits plusieurs dizaines d’années après, ont rassemblé, ordonné, chacun à leur manière, les paroles et les actes de Jésus.

    Paul, le témoin particulier.

    Paul a commencé par persécuter les chrétiens. Mais sa rencontre mystérieuse avec Jésus sur le chemin de Damas a bouleversé sa vie («  Pourquoi me persécutes-tu ? – Qui es-tu, Seigneur ? – Je suis Jésus que tu persécutes »). Dès lors, il va consacrer ses forces, sa vie entière à annoncer, non des idées, non une philosophie, mais la personne vivante du Christ. On peut résumer sa prédication en ces quelques phrases : « Nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les non-Juifs ; mais pour ceux qui sont appelés, Juifs ou Grecs, un Christ qui est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu. » (I Co 1, 23-24) ou « Celui qui a ressuscité Jésus nous ressuscitera aussi avec Jésus. » (2 Co 4, 14). Il dira, pour lui-même et pour ses correspondants, : « Je ne veux plus connaître parmi vous que Jésus, et Jésus crucifié. » Pour Paul, la foi, c’est être en communion avec la personne même de Jésus. C’est cette Bonne Nouvelle qu’il proclamera jusqu’à la mort.

    A travers les Evangiles, la personne vivante de Jésus

    Les quatre Evangiles ne prétendent pas écrire une biographie de Jésus telle qu’on la ferait de nos jours. Cependant, ils ne sont pas des exposés philosophiques ou des écrits de sagesse. Ils sont des témoignages rapportant les actes et les paroles d’une personne :

    Jésus de Nazareth, charpentier de son état, nous le voyons aller à la rencontre des pêcheurs du bord du Lac, des malades et des blessés de la vie, mais aussi des responsables religieux, quitte à s’opposer à eux.

    Les paraboles des Evangiles synoptiques sont remplies d’exemples tirés de la vie courante : bergers, agriculteurs, maçons, blé, fleurs des champs, oiseaux, animaux sauvages ou domestiques. C’est un Jésus situé dans une époque et dans un lieu qui se révèle peu à peu à ses disciples, en particulier à travers le récit symbolique de la Transfiguration (Mt 17, 1-8) : «  Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ».

    L’Evangile selon Jean, considéré par certains comme plus ‘intellectuel’, s’ingénie à tout centrer sur la personne même de Jésus. Le ‘signe’ de Cana amène les disciples à croire en lui (Jn 2, 1-12). C’est Jésus que Nicodème vient rencontrer de nuit (Jn 3, 1-21). A la Samaritaine (Jn 4, 25-26) qui exprime sa foi au Christ à venir, il dit : « Je le suis, c’est moi qui te parle. » A l’aveugle guéri (Jn 9, 35-38), il pose la question : « Crois-tu au Fils de l’homme ? – Qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? – Tu l’as vu, c’est celui qui te parle. » C’est bien à la personne même de Jésus que s’adresse la foi.

    Les récits de la Passion/Résurrection de Jésus, dans leur variété, ont tous le même but : témoigner que cet homme, condamné et crucifié, est apparu vivant au matin de Pâques. C’est le centre du discours de Pierre au matin de la Pentecôte (Ac 2, 32-33) : « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, nous tous en sommes témoins. Exalté par la droite de Dieu, il a donc reçu du Père l’Esprit Saint promis et il l’a répandu, comme vous le voyez et l’entendez. »

    Le chemin de foi : un chemin de bonheur

    A la suite des premiers témoins, les communautés chrétiennes se sont réunies pour perpétuer la rencontre avec le Christ vivant. Ils le font à travers le partage de la Parole contenue dans les Ecritures, à travers ce que l’Eglise appelle les Sacrements, en particulier l’Eucharistie, et à travers ce qu’on pourrait appeler le ‘Sacrement du frère’, suivant ce que nous dit le ch. 25 de Matthieu : « Chaque fois que vous l’aurez fait à ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’aurez fait. »

    Quand l’Eglise annonce la foi qui trouve sa source dans la Parole, quand elle célèbre la foi par la prière et les Sacrements, quand elle s’organise pour que cette foi trouve sa réalisation dans la vie, elle permet à ses membres de rencontrer la personne vivante de Jésus Christ.

    Elle trace pour les hommes d’aujourd’hui un chemin de bonheur. Elle porte un message de libération. Mais ce message porte un nom : Jésus Christ. Il est ce Dieu qui fait cause commune avec l’humanité, suivant ce que dit l’Evangile de Jean (Jn 1, 14) : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père. »

    Joseph CHESSERON