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  • Homélie : Mc 9, 2-10 du 2ème dimanche de carême – 25 février 2024

    Mc 9, 2-10 2ème dimanche de carême – 25 février 2024

    Aujourd’hui, beaucoup remarquent que les églises se vident, et que le christianisme n’a plus prise sur notre société française. D’ailleurs, les sociologues nous affublent de chiffres pour parler de ce qui constitue la vie chrétienne selon eux : la participation (mensuelle) à la messe dominicale. Si cela est un indicateur, il est évident qu’il ne décrit pas la condition de tout disciple, comme nous venons de l’entendre dans l’Évangile. Car, ce matin, nous entendons une forme de définition de ce qu’est un disciple de Jésus. Arrêtons-nous ensemble sur cinq traits caractéristiques qui déterminent la vie de celles et ceux qui sont à l’école de Jésus-Christ.

    -* 1 - Rencontrer le Christ-Jésus

    Avant toute chose, notez que tout disciple est marqué par une rencontre. C’est cette rencontre du Christ-Jésus qui permet de vivre. Arrêtons de penser que la seule célébration dominicale fait sens. Ce qui est premier et fondateur, c’est de rencontrer le Christ et de vivre de cette relation, comme un ami parle à son ami. Oui, cette rencontre fondatrice pour tout disciple est personnelle, comme pour notre bien spécifique. Dans l’Évangile, « Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart ». Mais entendez qu’elle ouvre à une vie communautaire. Personnellement, nous faisons l’expérience de Dieu. Communautairement, nous le cherchons ici et maintenant.

    -* 2 - Accepter de cheminer en Sa présence

    C’est sur la montagne que ce récit nous est donné. Tout disciple ne peut qu’être en chemin. J’apprécie ce poème de Jean DEBRUYNNE (J’ai rêvé d’un Galiléen, 2008) qui affirme que « le chrétien habite en chemin, c’est un vagabond. Sa seule demeure, c’est la route. Le chrétien vit dans la poussière des pistes, les pieds dans la boue et la tête aux étoiles ». Je crois qu’il décrit ici parfaitement la vie d’un disciple qui, avant d’être un randonneur est un chercheur de Dieu. Un chrétien chemine aussi intellectuellement. Regardez dans l’Évangile : Pierre, Jacques et Jean – notons d’ailleurs qu’il manque André – « restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire « ressusciter d’entre les morts ». Le Mystère de la foi se dévoile sous nos yeux, mais il faut encore pouvoir comprendre et croire ce qu’il est pour nous.

    -* 3- Nommer Dieu
    « Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » L’avez-vous remarqué ? La Transfiguration met en scène six personnages, et un septième. Les six premiers sont clairement nommés : Jésus, Pierre, Jacques et Jean, Moïse et Élie. Mais le septième, dont la voix parle dans la nuée, qui peut-il bien être ? Bien sûr, celui qui désigne Jésus comme son « Fils bien-aimé » est évidemment Dieu le Père. Or, l’évangéliste ne le dit pas explicitement, mais nous le laisse deviner. Tout est sous nos yeux ; mais, avec pudeur et pédagogie, pas à pas, l’Évangile nous invite, librement, à faire un acte de foi en nommant Dieu. Dieu se laisse voir et entendre, mais il désire le concours de notre liberté et de notre intelligence.

    -*4- Ne plus voir que Lui, et Lui seul !
    Pour nous, le cœur de cette page d’Évangile n’est pas dans la recherche d’une blancheur absolue, comme l’affirmait une publicité pour une lessive qui rend le linge « plus blanc que blanc » ! Mais, bien plus, nous reconnaissons que cette métamorphose – le terme transfiguration n’existe pas dans ce récit – leur permet d’entrer dans une autre dimension : « Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. » Comme un jeune couple qui a un coup de foudre. L’un ne voit plus que l’autre. Tout disciple n’a les yeux rivés que sur le Christ-Jésus, et ne voit plus que lui… dans l’aujourd’hui de nos existences. Car la vie chrétienne, justement, nous permet de saisir les traces du Vivant.

    -* 5 - Faire jaillir Sa lumière
    Comme l’affirme aujourd’hui le pape François, tout disciple est missionnaire. Le baptême fonde l’Église, et nous sommes tous envoyés pour témoigner de Dieu. Mais l’Évangile de ce jour nous met en garde : « Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme ne soit ressuscité d’entre les morts. » Ne pas en parler de suite… Comme pour ne pas oublier que la lumière du Christ sera plus forte encore sur sa croix. Avec Dieu, la nuit comme le jour est lumière ! Mais il faut aussi reconnaître que nos paroles sont bien faibles pour parler de Dieu. Trop souvent, nous risquons de ne témoigner que partiellement. Alors, si l’Évangile nous presse, c’est d’abord pour avoir une vie lumineuse, à la suite du Christ. Il est la Lumière qui irradie. À nous de resplendir de cette Lumière. Comme l’affirmait en son temps Saint François de Sales (1567-1622) : « Ne parle du Christ qu’à ceux qui t’interrogent. Mais vis de telle façon qu’on t’interroge ! ». Amen.

    P. Julien DUPONT