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  • HOMÉLIE du 25 septembre 2022 en l’église St-Hilaire de Niort Roger Pacreau, diacre : 10 ans depuis ce « oui » donné à Dieu pour le servir

    Depuis le 22 avril 2012, j’ai toujours la même question qui me reste au plus profond de mon cœur et ce n’est pas de la fausse modestie : « pourquoi moi ? ».
    - Pourquoi Seigneur tu m’offres ce cadeau d’être dans l’Église et pour les hommes, signe du Christ serviteur.
    - Pourquoi à moi, tu me fais cette chance inouïe de te prêter ma voix pour annoncer la bonne nouvelle auprès des plus petits, des plus pauvres.
    - Pourquoi à moi, ce don du ministère qui s’exerce dans l’ordinaire de la vie de tous les jours, diacre marié. Je suis émerveillé de voir comment le sacrement de l’ordre vient marquer de son sceau le sacrement du mariage qui reste premier et qui en est enrichi.

    Depuis ce 22 avril 2012, comment ne pas rendre grâce avec mon épouse Yolaine qui, à sa place, veille à ma mission et à l’équilibre familial. Je rends grâce avec vous ce matin et en même temps je me pose toujours la même interrogation : je dis toujours que je suis en vérité et vraiment pleinement heureux et que je n’ai jamais regretté d’avoir dit OUI, même parfois dans les moments plus difficiles du ministère, dans l’incompréhension, car suivre le Christ ce n’est pas juste le suivre le jour de son entrée triomphale à JÉRUSALEM, mais c’est le suivre aussi dans sa passion, accepter de porter sa croix et particulièrement celle des personnes détenues que je rencontre chaque semaine à la prison de NIORT. .

    Oui, je rends grâce chaque jour d’être digne de porter toutes ces croix.

    Merci seigneur de m’avoir appelé à servir auprès des rejetés, des incompris. Je ne suis que ton instrument mais que c’est extraordinaire de n’être qu’un instrument ! Cela me libère et me permet de me mettre toujours aussi humblement à tes pieds pour te servir.

    Oui, en méditant les textes d’aujourd’hui, à la lumière de cet anniversaire, je comprends un peu mieux pourquoi moi, et ce qui me rend pleinement heureux.

    Contemplons cela dans les lectures de ce dimanche. L’évangile de ce jour peut nous déranger.
    Mais où est le Christ ? Question que l’on peut se poser lorsque nous regardons les souffrances de notre monde. En effet, l’homme riche semble ne pas avoir de possibilité d’être pardonné. C’est donc bien un texte dur et loin de la miséricorde divine. Cela donne aussi l’impression que, malheureux sur la terre, il nous faille attendre d’être mort pour être heureux. Déprimant, non ? En fait, si nous regardons bien, cet évangile est un texte pétri de la sagesse de l’A.T. et il nous invite à mettre notre foi en pratique et à changer notre regard et notre cœur.

    - 1er point : SAVOIR REGARDER  : La première partie porte sur le regard. On pourrait penser que l’homme riche n’a jamais vu LAZARE et qu’il n’est pas conscient de son existence. On s’aperçoit pourtant après leur mort que le riche connaît LAZARE. Il aurait pu l’aider mais il n’a rien fait. Nous connaissons bien cette situation.
    Qui de nous n’a jamais rencontré quelqu’un dans le besoin.
    Qui de nous n’a jamais croisé un malade, un pauvre, un S D F, un migrant, un laissé pour compte ?
    Vous me direz : « que pouvons-nous y faire ? » Oui, ce texte nous invite à ouvrir notre cœur, notre porte, notre regard sur ceux qui nous entourent et que nous ne voyons pas. C’est ce que faisait le prophète Amos à son époque avant la chute de Samarie en 722 avant Jésus Christ ; pourtant personne ne l’a écouté et Samarie fut détruite.

    - 2ème point : SE RECONNAÎTRE PÉCHEUR  : Notre homme riche semble bien loin du pardon de Dieu. Même au-delà de la mort, il est incapable de reconnaître que LAZARE est son égal. Il ne s’adresse même pas à lui et demande à ABRAHAM qu’on lui donne des ordres. Le riche est aveugle sur son propre péché et ne conçoit l’autre que comme quelqu’un qui lui doit quelque chose.

    - 3ème point : VOIR ET ÉCOUTER  : Cet homme riche ne savait peut-être pas ce qu’il fallait faire. Il avait pourtant dû lire l’écriture qui lui disait d’aimer Dieu et son prochain. En bon juif, il avait dû pourtant aller à la synagogue tous les samedis.
    Mais écoutait-il vraiment la Parole de Dieu ?
    N’était-il pas enfermé dans son petit confort personnel ?
    Ne sommes-nous pas comme ce riche anonyme ?
    Nous savons bien qu’il faut aimer son prochain et partager. Mais nous continuons à faire des différences entre les hommes.
    Nous préférons faire la guerre que guérir et soigner nos frères,
    nous préférons gaspiller notre nourriture plutôt que de la partager,
    nous préférons changer de trottoir plutôt que de tendre la main à celui qui souffre.
    Et pourtant, nous savons bien que ce n’est pas ce que dit l’Écriture et ce que demande notre foi.
    Ce qui nous est donc demandé aujourd’hui, c’est de ne pas attendre après la mort pour changer les choses. Non, c’est dès aujourd’hui que nous devons ouvrir nos cœurs et nos yeux sur le monde.
    Le salut passe par ce que nous ferons de bien et de bon en cette vie terrestre. Alors, en cette 108 ème journée mondiale du migrant et du réfugié, quel engagement pouvons-nous prendre afin d’être plus attentif à tous les « Lazares » qui bravent vents et tempêtes en l’espérance de jours meilleurs.

    Comme le dit Paul à TIMOTHÉE : « Mène le bon combat, celui de la foi, empare toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins ».

    Oui, chers frères et sœurs, ce récit cherche à nous faire comprendre le point de vue de LAZARE, les sentiments de celles et ceux écrasés par la vie et qui savent qu’il y a une justice qui vient. Nous ne pouvons prétendre aimer Dieu qu’on ne voit pas si on n’aime pas l’homme que l’on voit.
    Alors, ne soyons pas aveugles : dans cette histoire, nous ne sommes pas LAZARE mais bien le riche…

    Je ne peux terminer en vous partageant la prière du pape François en cette 108 ème journée mondiale du migrant :

    "Seigneur, fais de nous des porteurs d’espoir afin que, là où sont les ténèbres, règne ta lumière, et que, là où il y a résignation, renaisse la confiance dans l’avenir.
    Seigneur, fais de nous des instruments de ta justice, afin que, là où il y a exclusion, fleurisse la fraternité, et que, là où il y a de la cupidité, prospère le partage.
    Seigneur, fais de nous des bâtisseurs de ton Royaume, Ensemble avec les migrants et les réfugiés et avec tous les habitants des périphéries.
    Seigneur, fais-nous apprendre combien il est beau de vivre tous comme des frères et sœurs."

    Amen.
    Roger PACREAU, diacre