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  • Homélie dialoguée du 30 avril 2023 « Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir » Jn 10, 3

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    Homélie dialoguée du 30 avril 2023 « Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir » Jn 10, 3

    P. Julien Dupont - Sortir, être libre… Voilà ce qui a pu animer nos rêves à l’adolescence et qui peut encore rejoindre nos désirs les plus profonds ! Ainsi, cette page d’Évangile nous interpelle : Dieu veut laisser ses brebis sortir de l’enclos pour marcher à sa suite (verset 3). Dès lors, comment ne pas comprendre que la vie chrétienne est une ode à la liberté ? Bien entendu, cette liberté n’est pas de faire ce que l’on veut comme l’on veut, mais de le faire à la suite du Berger qui nous précède.

    Elisabeth Grassin - Cette liberté est exprimée explicitement par St Jean : « Si quelqu’un entre en passant par moi, il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage » (verset 9). C’est un chemin souple qui s’offre à nous. Souvenons-nous que la brebis entre et sort à sa guise ; elle seule perçoit ce qui est bon pour elle. À partir du moment où elle passe par la porte qu’est le Christ elle choisit librement. Il est bon d’être à l’intérieur, à l’abri, entre soi. Il est également bon d’être à l’extérieur, de sortir et d’aller vers les périphéries. Le passage par le Christ est une invitation à la vie ! On retrouve cela au chapitre 30 (verset 19) du Deutéronome avec l’injonction de choisir la vie. Notre vocation est donc bel et bien d’être libres et d’aller vers ce qui amène à davantage de vie ; par là nous pourrons servir Dieu et les autres.

    P. Julien - Vivre en toute liberté et, ainsi, choisir la vie. Tel est le sens de l’invitation de Dieu à son Peuple avant les dix Paroles – que nous nommons ordinairement les dix commandements – : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait SORTIR du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage » (Ex 20, 2) Oui, la vie d’enfant de Dieu nous conduit toujours à sortir de l’enfermement du mal pour choisir d’être vraiment libre, c’est-à-dire dans une vie où nos choix sont guidés par le beau, le bien, le vrai, le juste et le bon. Comme l’affirme St Paul, aux Galates : « Vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres » (Ga 5, 13)

    Elisabeth - Le service justement, le fait de prendre soin les uns des autres, de nous accompagner mutuellement sur le chemin passe par la douceur et l’humilité. La douceur que l’on retrouve chez le psalmiste qui use de la même métaphore du berger pour nous emmener vers une représentation bucolique et paisible du royaume de Dieu. Le berger de l’évangile a aussi cette attitude, douce et humble. Il va jusqu’à se comparer à une porte. Ce n’est pas grand-chose une porte ; on en passe tous les jours des dizaines ; on entre on sort, on ferme à clé ou on ouvre en grand. Ça fait partie de notre quotidien ; et ça renvoie à notre liberté de mouvements, à notre liberté d’actions.

    P. Julien - J’entends parfois dire que les religions enferment dans des dogmes ou des normes morales. En voyageant dans le monde, je peux, parfois, exprimer ce même sentiment. Mais la vie chrétienne est une ode permanente à la liberté et à la responsabilité. Baptisés-confirmés, nous sommes adultes dans la foi, profondément marqués par cette liberté. Le deuxième concile du Vatican affirme même la liberté religieuse comme un droit (Dignitatis humanae, § 2) et fait de la conscience un sanctuaire inviolable (Gaudium et Spes, § 16). Bref, pour citer ici la dernière chronique du P. Jacques, comme chrétien, « on naît libre et on le devient ! »

    Elisabeth - Et, comme chrétien, on est appelé chacun par son nom. C’est ce que rappelle St Jean « Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom ». Par le baptême nous sommes enfants d’un même Père et nous entrons dans une relation unique avec Lui. Cette relation unique nous invite donc à une réponse unique et personnelle. Nous sommes tous appelés à la liberté et la réponse de chacun est fonction des charismes qui lui sont propres. Notre vocation est de répondre à cet appel en tant que disciple du Christ et pour cela nous ne sommes pas seuls. Nos choix individuels s’ancrent dans une réalité tangible : en communautés, en paroisse, dans nos différents lieux de vie nous vivons un compagnonnage qui nous permet de nous enrichir les uns des autres et de discerner les choix que nous posons pour répondre à l’appel de Dieu à le servir.

    P. Julien - Par exemple, comme pasteur de cette paroisse, j’ai fait librement le choix que nous vivions ce temps de l’homélie à deux. Régulièrement, aux sépultures, des baptisés commentent la Parole. Comme ministre ordonné de l’Église, nous ne faisons pas qu’expliquer les Écritures, mais devons conduire le troupeau jusqu’à son Berger, en prenant soin de tous. Voilà pourquoi j’ai proposé à Elisabeth de m’accompagner en ce jour : dire, par ce choix humble, que la diversité de nos vocations a un sens… pour conduire nos communautés vers cet enrichissement mutuel. Le Berger et les brebis avancent ensemble et elles s’enrichissent l’une l’autre : « il marche à leur tête et les brebis le suivent » (verset 4). Puisse cette page d’Évangile nous conduire, ensemble, sur des prés d’herbe fraîche, c’est-à-dire là où il y a la vie en abondance !
    Amen.