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  • Homélie des obsèques de Kevin TROMPAT, en l’église Saint-Hilaire de Niort, jeudi 16 mars 2023

    Homélie des obsèques de Kevin TROMPAT, en l’église Saint-Hilaire de Niort, jeudi 16 mars 2023

    Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean (11, 32-37)

    « En ce temps-là, Marie, sœur de Lazare, arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »

    Homélie

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    Où est Dieu ? Cette question de nos contemporains est peut-être la nôtre aujourd’hui. Où est Dieu quand les horreurs sont devant nos yeux ? Où est Dieu quand le sentiment de solitude et de désarroi nous envahit ? Où est Dieu à l’heure de la mort ? Ces questions sont aussi celles de nos prédécesseurs dans la foi. Dans l’Évangile que nous venons d’entendre Marie, sœur de Lazare, interpelle Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort » (v. 32). Autrement dit, cette absence de Jésus à ses yeux lui pèse. Où était-il donc ? Aussi, l’interpellation de la sœur de Lazare ne provoque aucune réponse de Jésus. Non seulement il était absent au moment de la mort de son ami Lazare, mais voilà qu’il est silencieux… Il est possible que nous puissions crier à Dieu notre désarroi alors que nous nous retrouvons aujourd’hui séparés de Kevin par la mort. Il est tout aussi possible de se questionner en faisant l’expérience de l’absence et du silence de Dieu. Même des femmes et des hommes de foi ont vécu et vivent de telles approches.

    Mais l’Évangile nous permet aussi de poser notre regard sur une autre attitude du Dieu qu’est Jésus-Christ. Écoutons de nouveau ce verset 33 : « Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé ». Oui, Jésus fut absent au moment de la mort de son ami Lazare. Oui, il fut d’abord silencieux face aux questionnements de la sœur de Lazare. Mais oui, Jésus est bouleversé par la mort de Lazare. Il va même jusqu’à « pleurer » (v. 35). Mes amis, en ce jour nous n’avons rien d’autre à vivre qu’à pleurer et à pleurer ensemble ; comme Jésus l’a fait avec ses amis. Certes ce temps n’est pas suffisant, mais nécessaire. Pleurer, c’est exprimer sa souffrance, en notre temps. Alors que nous célébrons les obsèques de Kevin, nous pleurons et entendons que Dieu est à nos côtés. Qu’avec nous il est saisi d’émotion. L’humanité de Dieu est telle qu’il a connu nos mêmes sentiments et nous accompagne toujours.

    Nous avons également entendu dans la première lecture que « le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages » (Is 25, 8). Non seulement nous croyons que Dieu est toujours à nos côtés, mais nous pensons aussi qu’il est celui qui console, qui soutient, qui aime. D’ailleurs, si nous avions lu la suite de l’Évangile, Jésus ne se contente pas d’exprimer son humanité en pleurant avec les proches de Lazare : il l’a tiré du sommeil de la mort (v. 11) en le faisant sortir du tombeau vivant (v. 43-44), alors qu’il y était depuis quatre jours (v. 17). Si nous croyons en Dieu, nous pouvons de nouveau être affermis dans l’espérance qu’un jour la mort n’aura pas le dernier mot et que Dieu nous permettra de sortir de nos tombeaux pour vivre. Car Dieu, lui, nous aide activement à vivre !

    Autrement dit, pour nous chrétiens, en Jésus-Christ, Dieu se révèle comme celui qui est proche et qui donne la vie à celles et ceux qui souffrent et qui peinent. Il s’engage avec et pour l’humanité entière. Il y aura toujours des personnes pour douter de cela. La fin de l’Évangile entendu il y a quelques instants va en ce sens : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » (v. 37) C’est le sens même de la foi que de douter. Laissons les certitudes à celles et ceux qui ne restent qu’enferrés dans leurs vérités, sans volonté de rechercher ensemble la Vérité avant d’y adhérer fermement (Vatican II, Dignitatis Humanae, §3). Avec foi, reconnaissons que d’autres juifs sont interpellés par le témoignage de Jésus en disant : « Voyez comme il l’aimait ! » (v. 36). Comme le monde serait plus beau en entendant chacun dire ce qu’il apprécie chez l’autre. Sans doute est-ce une piste pour vivre le temps de deuil qui s’ouvre à nous : en reconnaissant l’amour qui nous re-lie.

    Personne n’est dupe : notre humanité oscille toujours entre tristesse et espoir, mensonge et vérité, doute et lucidité… Mais nous savons tous qu’il nous appartient de construire un monde meilleur, comme Dieu nous y invite. Car lui n’a jamais cessé de vouloir le meilleur pour ses enfants bien-aimés que nous sommes. D’ailleurs, la vie n’a de sens qu’en s’engageant, avec d’autres. Alors, en ce jour de peine, prenons ensemble la ferme résolution de prendre soin les uns des autres. Telle est l’attitude qui honore le mieux la vie de Kévin qui, désormais auprès de Dieu, nous invite à vivre en Lui, le tout-Amour. Amen.

    Julien DUPONT, curé
    Paroisse St-Pierre – St-Paul de NIORT