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  • Homélie de la Pasteure Pascale Renaud-Grobras 18/01/2015

    Homélie de la pasteure Pascale Renaud-Grobras
    eglise St Hilaire à Niort 18 janvier 2015

    1 Sm 3,3-19
    1 Co 6,13-20
    Jn 1,35-42

    Comment Dieu nous appelle-t-il ?

    Homélie du 18/01/15 à télécharger

    Il peut nous appeler au cœur de la nuit. Il peut nous appeler comme le petit Samuel, quand nous sommes petit garçon, petite fille, encore ignorants des difficultés et des beautés de ce monde. Quand nous n’avons pas encore souffert la perte d’un proche, l’incompréhension et la douleur, quand nous ne connaissons pas encore la violence de ce monde. Comme Samuel, Dieu peut nous appeler pour parler au monde avec la voix d’un enfant. Il peut faire de nous des enfants pour redonner au monde la certitude que Dieu parle.

    Il peut nous appeler au cœur de la nuit, quand le désespoir et la résignation se font la guerre dans nos cœurs. Il peut nous appeler quand nous ne croyons même plus en lui, et que la bonté et le courage de vivre nous semblent impossibles à maintenir dans ce monde. Il peut faire passer par nous une parole d’espérance, alors même que nous n’arrivons plus à croire à l’espérance. Nous avons tous connu de ces moments où une étincelle de vie jaillit dans nos nuits, alors même que nous n’attendions plus rien. Le découragement fait partie de la vie de foi, le doute aussi, mais ce n’est pas la fin de tout.

    Il peut nous appeler dans l’ordinaire de nos existences. Lorsque, au creux même du quotidien, une voix résonne qui nous rappelle que nous avons soif de lumière. Que nous sommes attirés par la vérité. Que nous en appelons de toutes nos forces à la grâce de Dieu. Lorsque nous sommes arrivés au bout de nos illusions sur nous-mêmes et sur les autres, sur notre capacité à faire le bien par nous-mêmes, nos illusions sur la bonté humaine. Lorsque nous espérons qu’un autre chemin est possible, un petit peu différent, un petit peu moins rugueux, un petit peu plus ensoleillé. Lorsque nous espérons autre chose, sans vraiment savoir quoi... Alors, Dieu nous appelle.

    Il nous appelle lorsque nous avons le sentiment que nous nous sommes éloignés de lui et que nous cherchons le chemin du retour à la maison. Alors, Dieu est devant la porte ouverte, les bras grands ouverts, et il nous attend, il ne cesse pas de nous attendre et de nous appeler, prêt à nous accueillir dans sa maison.

    Il nous appelle lorsque nous avons soif de paix et de réconciliation. Lorsque nous en appelons à une paix qui transcende toutes nos pensées même les plus savantes et les plus construites. Dieu alors nous appelle, et ne se contente pas de nous appeler : il lutte avec nous pour que la paix vienne dans ce monde. Et il nous donne cette paix, pas juste un peu, pas juste pour tenir jusqu’à demain, mais en abondance, et alors notre coupe déborde, et cette paix se répand autour de nous et dans le monde. Cette paix devient comme un festin où le pain et le vin ne s’épuisent jamais et peuvent se partager.

    Il nous appelle de tant de façons... C’est parfois comme une graine minuscule plantée profondément dans notre cœur, que d’abord nous ne remarquons pas, mais qui fait un arbre immense où poussent des fruits inattendus de notre vie. C’est parfois un creux, un écho, un vide qui résonne en nous, le sentiment qu’il nous manque quelque chose. C’est parfois le tranquille sentiment qu’il y a autre chose à attendre de cette vie, qu’une autre réalité est là, quelque part, et qui nous attend. Parfois, l’appel de Dieu passe par une voix humaine, la voix d’un enfant, d’un ami, d’un frère. L’appel de Dieu a tant de visages dans ce monde ! Tant de voix différentes ! Et pour chacun, pour chacune, il est différent. Il s’adresse à vous, à moi, autrement qu’à notre frère, à notre sœur.
    Lorsque Jésus appelle ses disciples pour qu’ils viennent avec lui participer au Royaume de Dieu, chacun entend une voix différente, chacun est appelé de façon différente. N’oublions pas que nos frères, nos sœurs, ont entendu leur propre appel. Honorons ces multiples façon par lesquelles Dieu nous appelle. L’un est pécheur sur sa barque, l’autre médite sous un figuier. Certains sont aveugles, d’autres paralysés. Il y a des enfants rendus à la vie, des femmes d’intérieur, comme Marthe, appelées à écouter. Il y a des hommes fort occupés, des riches, des pauvres, des boiteux, des infirmes et des bien portants. Chacun reçoit son propre appel. Chacun se sent appelé à autre chose que ce qu’il est jusque-là. A une autre vie, une nouvelle vie qui leur est donnée, à autre chose qu’ils ne possèdent pas.

    « Que cherchez-vous ? » nous demande Jésus. Cette question vient nous interpeler dans notre vie. Pas dans celle du voisin, mais bien dans la nôtre, telle qu’elle est, avec ses beautés et ses misères. Que cherchez-vous ? Quelle voix attendez-vous ? Quelle est votre espérance ?

    A chacun, Jésus promet que Dieu parle. Qu’il appelle, sans jamais se lasser. Qu’il nous offre ce que nous recherchons toujours, après quoi nous courons parce que nous ne le connaissons pas encore. Ce qu’il nous donne est toujours surprenant et vivant, incroyablement vivant.

    Pour chacun, il y a une Parole qui surgit. Une Parole qui vient répondre à notre question fondamentale sur le sens de notre vie. Que cherchons-nous ? C’est une Parole qui nous fait sortir de ce que nous avons toujours connu, pour participer à la relation qui unit Jésus, le Christ, à Dieu son Père. Il y a là une place pour nous.

    Certains croient qu’il est impossible de répondre à cet appel. Que l’on ne peut que vivre dans l’attente. Moi, je crois que Dieu est le Dieu des choses impossibles, et que c’est lui qui nous attend. Qu’il espère notre réponse... Une réponse unique, singulière, propre à chacun, chacune de nous. Un regard qui s’ouvre sur une vie offerte, qui ne nous coûte rien, par un Dieu qui nous donne cette vie avec abondance. C’est à nous qu’il appartient de nous en emparer, et d’en vivre. Avec imagination, courage, dans la paix et la sincérité du cœur, pas par devoir, mais parce que c’est possible, rendu possible par Dieu.

    Pour conclure cette méditation, je vous invite à une prière, la prière au Dieu des choses impossibles. La prière au Dieu de ce qui semble impossible au cœur de ce monde.

    Ô notre Dieu, tu es le Dieu des choses impossibles, c’est pourquoi nous venons vers toi pour répondre à ton appel.

    Dieu de Moïse, on nous a dit et nous avons cru que, dans les anciens temps, tu avais su ouvrir la mer infranchissable pour ton peuple en marche.

    C’est impossible, Seigneur. Mais, puisqu’il en a été ainsi, viens, aujourd’hui encore, rendre possible l’impossible. Devant nous aussi, il y a la mer infranchissable, celle des peurs, des mauvaises volontés, des ignorances de toutes sortes.

    Nous t’en prions, Dieu des choses impossibles, viens ouvrir la lassitude où nous nous épuisons. Et conduis-nous enfin vers une terre où coulent le lait et le miel pour tous et pour chacun. C’est impossible, Seigneur, c’est pourquoi nous venons vers toi.

    Ô toi, le Dieu de la vie, on nous a dit et nous avons cru que, dans les anciens temps, tu savais faire tomber le pain du ciel pour les affamés et jaillir l’eau du rocher pour les assoiffés. C’est impossible, Seigneur.

    Ecoute-nous. Aujourd’hui, nous aussi, nous foulons un désert sans issue ; nous avons faim d’un pain qui rassasie vraiment ; nous avons soif d’une eau qui rafraîchisse nos lèvres des mots que nous n’aurions pas dû dire.

    Nous t’en prions, Dieu des choses impossibles, donne-nous la paix du cœur. Donne-nous la réconciliation avec nous-mêmes. C’est impossible, c’est pourquoi nous venons vers toi.

    Ô toi, le Dieu de jouvence, on nous a dit, et nous avons cru que, dans les anciens temps, tu savais rendre fécondes les entrailles des femmes stériles et redonner aux vieillards la vie d’un sang rénové. C’est impossible, Seigneur.

    Ecoute-nous. Aujourd’hui, l’indifférence nous guette, nos cœurs deviennent de pierre et nous en venons à prendre plaisir à notre solitude.

    Nous t’en prions, Dieu des choses impossibles, rends-nous de nouveau vulnérables et fragiles pour que nous sachions compatir et pardonner. C’est impossible, Seigneur, c’est pourquoi nous venons vers toi.

    Ô toi, le Dieu qui appelle, on nous a dit, et nous avons cru que, du temps de Jésus, c’est par sa voix que tu appelais des disciples à ton service. C’est impossible, Seigneur. Ecoute-nous. Nous croyons encore que c’est par nos propres forces, notre propre espérance, que nous pouvons nous tourner vers toi pour te contempler. Tu viens nous rappeler l’impossible : c’est toi qui nous regardes avec le plus profond des amours, pour nous conduire dans ta paix et éveiller le monde à ta joie.

    Nous t’en prions, Dieu des choses impossibles, accomplis à nouveau ce miracle et fais que nous entendions ta voix. Fais que nous devenions des disciples, jamais bien sûrs de tout comprendre, mais certains que c’est ta voix qui nous guide au hasard des chemins. Donne-nous l’espérance qu’au bout de ce chemin, tu nous attends, les bras grands ouverts, pour nous accueillir dans ta maison. Mais surtout, donne-nous la certitude que chaque jour, ton amour fait que nous vivons dans ce monde comme étant déjà dans ta maison.

    Et ainsi rends-nous vivants, vivants d’une véritable vie qui ne s’arrête pas à la mort. Car c’est pour cela que tu nous appelles. Amen.

    Pasteure Pascale Renaud-Grobras