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  • 6° dimanche de Pâques - Année A – dimanche 17 mai 2020

    Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 14, 15-21)

    En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
    « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
    D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »

    Homélie

    L’expérience des apôtres
    Alors que nous approchons de la fin du temps pascal, les évangiles veulent nous associer à l’expérience qu’ont fait les disciples de Jésus. Imaginons ce qu’ils ont vécu : pendant trois ans ils ont suivi Jésus. Ils ont été touchés par ses paroles, émerveillés par ses actions. Ils ont mis leur foi en lui, croyant qu’il saurait libérer Israël.
    Mais voilà il a été arrêté, condamné et mis à mort comme un brigand. Pour eux, tout était fini, il n’y avait plus d’espoir.

    Trois jours plus tard qu’elle ne fut pas leur surprise de le revoir vivant, les accompagnant, leur expliquant tout ce qui s’était passé. Ils sont dans la joie, l’exultation. Et voilà qu’il leur annonce qu’il va repartir auprès de son Père, qu’il ne sera plus présent auprès d’eux de manière visible.
    Les disciples éprouvent certainement un sentiment d’abandon, s’interrogeant sur leur avenir. Que pèse ce petit groupe de femmes et d’hommes en regard du Royaume de Judée et de l’empire romain ? Que vont-ils pouvoir faire face aux autorités juives et romaines ?
    Mais Jésus ne les laissera pas seuls, il ne les abandonnera pas, il sera avec eux mais autrement. Il leur promet un « défenseur qui sera pour toujours avec eux ».

    La Pentecôte
    Nous savons que leur première réaction sera de s’enfermer au cénacle. Il faudra ce don de l’Esprit-Saint, le jour de la Pentecôte, pour qu’ils aient l’audace d’annoncer avec assurance la Résurrection du Christ. Et ensuite rien ni personne ne pourra arrêter la progression de l’annonce de l’Evangile. Le livre des Actes des Apôtres, la première lecture des dimanches de ce temps de Pâques, en témoigne.

    Nous ne sommes pas abandonnés
    Nous sommes, nous, dans la situation d’après la Pentecôte. Soyons conscients qu’à notre temps Dieu n’est pas absent mais sa présence est différente. Comme pour ses disciples, il ne nous abandonne pas, il nous donne l’Esprit-Saint.
    Nous avons reçu cet Esprit lors de notre baptême et encore plus le jour de notre confirmation. (Pour ceux qui ne sont pas confirmés, c’est toujours possible de faire la démarche).
    Et cette présence n’est extérieure à notre vie, mais elle se réalise au plus intime de nous-mêmes. «  Il demeure auprès de vous, et il sera en vous » disait Jésus. L’Esprit-Saint est là présent en nos cœurs, il demeure en nous. « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1Co 3, 16) écrit saint Paul.
    Nous ne sommes jamais seuls, à tout moment de notre journée, de notre existence, il est là, présent, et nous pouvons nous tourner vers lui, nous adresser à lui.

    L’insaisissable Esprit-Saint
    La difficulté pour chacun de nous c’est que cet Esprit de Dieu est insaisissable. Dans l’Evangile les trois mentions de l’Esprit-Saint soulignent ce caractère invisible. Le jour du baptême du Christ il apparaît sous la forme d’une colombe (cf. Mt 3, 16), après la résurrection Jésus souffle sur les apôtres pour qu’ils reçoivent l’Esprit-Saint (cf. Jn 20, 22), et c’est sous la forme de flammes de feu que le jour de la Pentecôte il tombe sur les disciples (cf. Ac 2, 3). La colombe, le souffle, les flammes nous disent combien il est difficile de le percevoir, le discerner.

    Les fruits de l’Esprit
    C’est à travers les fruits qu’il produit dans notre vie que nous reconnaissons la présence de l’Esprit-Saint. Saint Paul en énumère douze dans sa lettre aux Galates (Ga 5, 22-23) [1]. J’en relève rapidement quelques-uns en lien avec lectures de ce jour.

    Aimer vraiment
    C’est l’Esprit-Saint qui met en nos cœurs l’amour de Dieu et des hommes. C’est dans la mesure où nous le laissons convertir nos cœurs, que nous sommes emportés au-delà de nos limites, au-delà de nos faiblesses et de nos résistances, et que nous devenons capables d’aimer vraiment, comme le Christ et ainsi de garder ces commandements et de le connaître.
    « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. (…) Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » nous disait Jésus dans l’Evangile.

    Actualiser l’Evangile
    Le Défenseur, dont Jésus parle, est encore celui qui nous permet d’accueillir, de recevoir les paroles du Christ et de les actualiser dans notre vie. Saint Augustin disait du Saint-Esprit qu’il est l’unique véritable maître intérieur [2]. Il poursuit le travail inauguré par Jésus et nous fait entrer dans la dynamique du Christ, dans l’amour du Christ. Il nous donne de vivre, aujourd’hui, maintenant, à la suite du Christ, fidèle à sa Parole, dans tout ce que nous faisons.

    Témoigner du Christ
    L’Esprit de Dieu est celui qui nous permet d’annoncer de l’Evangile. C’est bien après la Pentecôte que les disciples sont partis annoncés l’Evangile. C’est lui qui nous donne la force de «  présenter une défense devant quiconque (nous) demande de rendre raison de l’espérance qui est en (nous)  », comme le disait saint Pierre dans la seconde lecture. Il fait de nous les témoins du Christ en ce monde.

    Demander l’Esprit
    Dans deux semaines nous célébrerons la Pentecôte et avec elle la fin du temps pascal.
    Unis à la prière des disciples et de la Vierge Marie, confinés dans le Cénacle, invoquons le Défenseur que le Christ nous a promis. Qu’il habite encore plus intensément notre cœur, qu’il ravive en nous la vie du Ressuscité, qu’il nous associe le plus étroitement possible à sa présence, qu’il nous donne d’être toujours plus fidèle aux commandements de Dieu.
    Prions-le pour qu’il nous transforme au plus profond de nous-mêmes pour nous aider à vivre et à aimer comme lui et de lui.

    P. Michel Chambragne