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  • Guérison d’un sourd-muet. Effata, ouvre-toi (23ème dimanche ordinaire Année B)

    « Yéshoua quitta la région de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction du lac de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. » (Marc 7, 31)

    En rouge, les 10 villes de la Décapole

    Le Christ, avec ses disciples, avait fait une randonnée au pays des Cananéens (Liban sud) où il avait guéri la petite fille gravement malade d’une cananéenne ; cette étrangère (non juive) avait fait preuve d’un étonnant esprit de répartie, mais surtout d’une grande foi en Christ.
    Quittant la côte libanaise, Yéshoua a donc traversé la Galilée, est passé de l’autre côté du lac de Tibériade pour entrer de nouveau dans un territoire païen (non juif), la Décapole. En pénétrant en terre païenne, une nouvelle fois le Christ réalise sa mission universelle de salut.
    La Décapole désignait un territoire à l’est du Yarden (le Jourdain). La Décapole (Δεκάπολις : dix villes) était une région fortement peuplée de grecs, donc imprégnée de paganisme.

    « On amène à Yéshoua un sourd qui de plus parlait difficilement et on le pria de poser sa main sur lui. » (Marc 7, 32)

    On ignore qui sont ces gens qui conduisent cet infirme auprès de Yéshoua mais qu’ils aient foi dans le prophète de Galilée, c’est évident.
    Dans son récit l’évangéliste Markos veut manifestement souligner que Yéshoua (son nom signifie : « il sauve ») vient accomplir la grande espérance promise par le prophète Esaïe (35, 4-6). En effet Esaïe faisait allusion au salut que Dieu allait opérer en évoquant « la guérison de sourds et de muets ».
    En accomplissant cette guérison symbolique, Yéshoua signifie qu’il est bien celui qui doit venir, c’est-à-dire le Messie.

    « Yéshoua l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles et prenant de la salive, lui toucha la langue. » (Marc 7, 33)

    Le Christ prend à part le sourd-muet ; il veut s’éloigner de la foule bruyante ; le Seigneur désire être seul avec la personne handicapée ; il veut entrer en rapport personnel avec ce pauvre infirme. Yéshoua recherche une certaine discrétion.
    Le fait de mettre les doigts dans les oreilles et de la salive sur la langue fait partie de ces pratiques qui peuvent étonner, mais qui sont relatées dans des textes médicaux anciens. Pline l’Ancien, dans son "Histoire Naturelle", évoque l’efficacité médicale de la salive et affirme qu’elle a par elle-même une vertu.

    « Les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : Effata, c’est-à-dire : ouvre-toi. » (Marc 7, 34)

    Le Christ aurait pu exprimer un souhait : : qu’elles s’ouvrent tes oreilles, qu’elle s’ouvre ta bouche, mais il dit avec l’autorité du Fils de l’homme : « Ouvre-toi ». Ouvre-toi tout entier à la Vie, à ton Dieu.
    Yéshoua lève les yeux au ciel pour indiquer que c’est la toute puissance divine qui va opérer la guérison de l’infirme ; c’est du Père qu’il tient sa puissance salvatrice.
    Le récit de l’évangéliste nous fait comprendre que, si autrefois les païens étaient sourds et muets à l’égard du Dieu de l’Alliance, désormais ils vont pouvoir écouter sa Parole et la proclamer ; c’est ce qu’annonçait le prophète Esaïe : « les oreilles des sourds s’ouvriront et la langue des muets criera la joie. » (Esaïe 35, 5-6)

    « Alors Yéshoua leur recommanda de n’en rien dire à personne ; mais plus il le leur recommandait, plus ils le proclamaient. » (Marc 7, 36)

    Yéshoua ne demandait pas à la foule de dissimuler le « miracle », mais de mieux comprendre le geste qu’il venait d’accomplir.
    Le sens profond des « miracles » accomplis par le Christ (on en dénombre 37) ne se comprend qu’à la lumière du « miracle » de la résurrection. La foi ne peut se comprendre qu’après avoir réalisé l’importance de la résurrection aux jours de la Pâque.

    "Très vivement frappés, ils disaient : tout ce qu’il fait est admirable. Il fait entendre les sourds et parler les muets."