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  • Cléophas et son compagnon partirent au crépuscule de la plus sombre journée de leur vie. Ils avaient cru en Yéshoua de Nazareth et l’aventure s’était terminée par un cruel échec : la mort du prophète de Galilée.
    La mort leur était entrée dans l’âme. Ils ne sont que détresse et désillusion.
    Peut-être avons-nous connu ce genre d’épreuve qui survient après un échec affectif, un idéal contrarié par un évènement malheureux, une foi détruite par le doute.

    Les deux disciples avançaient à la nuit tombante et se confiaient l’un à l’autre leur désespoir. Un homme les rejoint, une occasion de raconter leur misère. « Ils ne le reconnaissent pas, car leur désespérance est trop profonde, et parce que « Yéshoua vivant » est une chose impensable. Ah ! l’image du Vendredi ! Un homme mort est un homme mort.

    « Déjà le jour baisse » écrit l’historien Luc.

    Mais il n’y a pas que le jour qui baisse !

    Combien de fois le Christ nous rejoint sans que nous décelions sa présence cachée sous les traits anonymes d’un compagnon de route, d’un frère porteur d’un message, animé par l’Esprit du Christ vivant.

    L’inconnu se mêle à la conversation. Il y va même un peu fort : « Esprits sans intelligence, cœurs lents à croire ce qu’annoncent les prophètes. Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? ». (Luc 24, 25-26)
    Les deux compères, courbés sous le poids du malheur, se redressent ; leur marche se fait plus alerte. On dirait même que se lève, dans le jour qui descend, la lueur de l’espérance.
    Nous-mêmes, après les épreuves de la nuit, nous cherchons la lumière ; après les espoirs déçus, nous recherchons un messager de l’espérance.
    Cléophas et son compagnon arrivent à Emmaüs. Ils ont parcouru un long chemin. L’homme rencontré fait semblant de poursuivre sa route, mais nos deux pèlerins le retiennent : une pareille aventure, un tel retour à l’espérance mérite bien de s’achever autour d’une bonne table.

    « L’homme prit du pain – dit la bénédiction – Il rompit le pain – Il le leur donna – Alors leurs yeux s’ouvrirent – Ils le reconnurent » nous rapporte l’évangéliste Luc (24, 30-31)
    Ils le reconnurent à la fraction du pain, au geste eucharistique : vous savez le jeudi soir, à la veille du grand shabbat de la Pâque, là-bas à Jérusalem dans la maison de Marie et Jean Marc, sur le Mont Sion.
    Ils auraient bien voulu le retenir, mais Yéshoua disparut à leurs yeux.

    Quant aux deux disciples la nuit n’a pu les retenir ; leurs cœurs désormais battent au rythme d’une folle espérance. Aussitôt les deux compagnons de route décident de repartir pour Jérusalem – comme on repart pour une nouvelle vie – comme on repart vers une résurrection.
    Leurs pieds ne touchent plus terre, coupant à travers champs, filant sous les oliviers, en proie à une joie immense, ils arrivent à la « Chambre Haute » chez Marie, la mère de Jean Marc l’évangéliste où sont réunis les autres disciples. Ils frappent - La porte s’ouvre :

    Χριστός Ανέστη

    Christ est ressuscité !

    Les disciples d’Emmaüs ont vécu en quelques heures la bouleversante expérience pascale que nous sommes appelés à faire tout au long de notre vie.
    Sur le chemin de la vie, Yéshoua de Nazareth est celui qui accompagne les pèlerins que nous sommes. Mais aujourd’hui, chez nous, comme dans la campagne d’Emmaüs « le soir approche et déjà le jour baisse ».

    « Seigneur, reste avec nous »

    Ce récit : 24, 13-35 est de Luc, médecin à Antioche et compagnon de Paul

    Père Joseph GUILBAUD

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