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  • II Quelques personnages des Actes des Apôtres

    Dans la suite de notre étude des Actes des Apôtres, nous proposons un survol de quelques personnages ; si le lecteur veut bien prendre le temps de se reporter aux citations indiquées, il se familiarisera avec un texte passionnant, et qui, peut-être, lui réservera quelques surprises.

    Cela va sans dire : le principal « personnage » des Actes, c’est Jésus lui-même, bien que, dans le récit, il ne soit présent et ne parle que dans les premiers versets. En effet, Pierre, Etienne, Philippe et, naturellement, Paul, n’auront qu’une préoccupation : proclamer le message essentiel : « Ce Jésus qui a été crucifié, nous vous l’annonçons : il est ressuscité ; c’est lui, le Sauveur du monde ».

    Nous ne parlerons ici que de Pierre, Etienne et Philippe. Il sera amplement question de Paul dans la suite des articles.

    Pierre

    Dès le début, Pierre apparaît comme celui autour duquel se rassemble la première communauté. Il prend l’initiative du remplacement de Judas par Matthias, pour compléter le groupe des Douze (Ac 1, 15-26). C’est lui qui prend la parole après l’effusion de l’Esprit au jour de la Pentecôte, et proclame sans peur la résurrection de Jésus ; il appelle le peuple rassemblé à la conversion (Ac 2, 14-36). Associé à Jean, il guérit un infirme au Temple (Ac 3, 1-26) et, devant le peuple qui se rassemble, il situe Jésus dans le plan de salut voulu par Dieu à travers l’histoire du peuple d’Israël : il est à la fois le Messie souffrant, le Christ, le prophète et le Serviteur envoyé par Dieu. A la suite de quoi, il comparaît avec Jean devant le grand conseil, le Sanhédrin et affirme que personne ne pourra les empêcher de témoigner.

    Pierre apparaît ensuite comme le gardien de la bonne marche de la communauté, en particulier à travers l’épisode surprenant d’Ananias et Saphira, sur lequel nous aurons l’occasion de revenir (Ac 5, 1-11).

    Arrêté de nouveau avec les Apôtres et jeté en prison, malgré les menaces, il réaffirme la détermination du groupe à annoncer la bonne nouvelle de Jésus Messie (Ac 5, 17-42).

    A la suite du meurtre d’Etienne (voir plus bas), l’Eglise de Jérusalem est persécutée ; les responsables se dispersent et portent la bonne nouvelle au loin. Pierre se retrouve sur la côte méditerranéenne. C’est là que se situe un épisode capital dans l’histoire de l’Eglise naissante. Jusqu’à présent la communauté est exclusivement d’origine juive. Voilà que les païens frappent à la porte : un militaire romain, le centurion Corneille, devient croyant et Pierre le baptise, lui et sa famille (Ac 10 1-48). Cette histoire présente de façon imagée le problème de l’ouverture de l’Eglise au monde. Pierre vient d’ailleurs s’en expliquer devant la communauté de Jérusalem (Ac 11, 1-18).

    Ce débat rebondira un peu plus tard avec la création de l’Eglise d’Antioche et son ouverture aux païens sans passer par la loi juive ; c’est Pierre qui « emportera le morceau » et convaincra les judaïsants regroupés autour de Jacques (Ac 15, 1-35). Cette intervention de Pierre sera la dernière : plus question de lui ensuite dans les Actes des Apôtres.

    Etienne

    On sait peu de choses de lui, sinon que, comme Philippe dont on parlera plus loin, il fait partie des Sept choisis par les Apôtres pour le service des tables, à la suite du conflit, au sein de la communauté de Jérusalem, entre ceux qui parlaient hébreu et ceux qui parlaient grec (Ac 6, 1-5). Curieusement, nous ne les voyons pas exercer ce service, mais bien le ministère de la Parole : Nous le voyons adresser aux responsables juifs un long discours (Ac 7, 1-53) où il reprend toute l’histoire du peuple élu, d’Abraham jusqu’aux prophètes, en passant par les patriarches, Moïse, Josué, David et Salomon. Il le termine en reprenant l’accusation de « peuple à la nuque raide » qui se trouve dans le livre de l’Exode (Ex 32, 9). Il leur reproche en quelque sorte d’avoir manqué tous leurs rendez-vous avec Dieu, en particulier avec Jésus, qualifié de Juste.

    Le parallèle entre Etienne et Jésus est frappant : comme lui, il est accusé de vouloir détruire le temple ; comme lui, il parle du Fils de l’homme siégeant à la droite de Dieu ; comme lui il est rejeté hors de la ville pour y être tué ; et comme lui il remet son esprit, mais c’est à Jésus qu’il le remet, reconnaissant en lui le maître de la vie.

    Notons, pour en finir avec Etienne, l’habileté de l’auteur : il annonce la suite en mentionnant le personnage de Saul, celui qui sera appelé Paul par la suite et tiendra le devant de la scène dans la deuxième partie du livre des Actes.

    Philippe

    Après la mort d’Etienne, nous l’avons dit, la communauté de Jérusalem, persécutée, se disperse. Philippe, l’un des Sept, se réfugie en Samarie (Ac 8, 5-8) et y annonce l’Evangile. Les Samaritains, ne sont pas des païens : ils ont une foi très proche des Juifs, se rapportant comme eux à la Loi, la Torah. Mais ils ne reconnaissent pas l’autorité du Temple de Jérusalem (Jn 4, 20). Dans la perspective de l’auteur des Actes (l’ouverture de l’Evangile à tous les hommes), ils sont les premiers des « marginaux » à entrer dans la communauté.

    Viennent ensuite les exclus du culte à cause de leur infirmité, en la personne d’un eunuque (Ac 8, 26-40), haut fonctionnaire de la reine Candace. Philippe le rejoint sur la route de Jérusalem à Gaza, l’entend lire un passage d’Isaïe portant sur le Serviteur souffrant. A partir de là il lui annonce de bonne nouvelle de Jésus, qui est ce Serviteur annoncé par le prophète. L’homme demande et reçoit le baptême.

    Philippe apparaît comme l’homme de l’ouverture, par ce qu’il fait lui-même mais aussi par ce qu’il prépare pour d’autres : il va sur la côte de la Méditerranée (Ac 8, 40), où, bientôt, Pierre va venir (voir plus haut l’épisode du centurion Corneille) et s’installe à Césarée où l’Apôtre des nations, Paul, viendra le rejoindre (Ac 21, 8).

    Simple question pour terminer : de même que, dès l’origine, l’Eglise, à travers Pierre, Etienne, Philippe, Paul, a su s’ouvrir au monde entier, de même aujourd’hui, notre Eglise saura-t-elle trouver des serviteurs qui, riches de la vraie tradition, sauront comprendre ce monde aimé de Dieu et faire retentir la Parole pour les hommes de notre temps ?

    Joseph CHESSERON