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  • Lettre ouverte … à Abraham

    Comment dois-je t’appeler ? Monsieur ? Trop moderne : tu ne sais pas ce que ça veut dire ! Monseigneur ? Pas question : c’est le titre que tu donnes à Dieu (Gn [ Livre de la Genèse] 18, 3). Cher ami ? C’est trop familier (encore que…) Non ! je vais t’appeler Père : c’est le titre que, au long des âges, tes descendants ont préféré pour toi (Lc [Evangile selon saint Luc] - 16, 24).

    A l’appel du Seigneur, tu quittes ton pays

    Père Abraham, tu devais être un peu fou, à Harran, quand ton Dieu t’a demandé (Gn 12, 1 ) de quitter ta maison, ton père, ta mère, que tu as touché le bras de Sara, ta femme : « Faut ramasser les affaires » (4) et que tu es parti sans savoir où tu allais. Tu traverses le pays de Canaan. Au passage le Seigneur te promet de donner cette terre à tes descendants (Gn 12, 7) : drôle de promesse, à quelqu’un qui n’a pas d’enfant !

    Des ennuis à cause te ta femme

    Pour l’heure, tu files en Egypte (famine oblige) mais tu crains d’être tué à cause de ta femme(12, 11 ). Tu la fais passer pour ta sœur. Pharaon la fait enlever, mais ça lui attire des ennuis de la part du Seigneur. Il te rend ta femme et te chasse d’Egypte. Curieux quand même : une aventure semblable se reproduira pour toi et pour ton fils Isaac avec le même roi, Abimélek, à moins que ce soit la même histoire racontée trois fois !( Gn 20, 2 et Gn 26, 6). En tout cas, ta descendance quittera aussi l’Egypte en catastrophe (Ex (Exode) 12, 1 à 15, 21 ).

    Ta vie à la limite du désert

    Tu apprends à tes dépens (Gn 13, 2 à 13) qu’il ne vaut mieux pas faire affaire avec sa famille. Mais tu es un sage : tu laisses ton neveu Loth choisir les meilleurs pâturages, du moins pour l’instant ; Il choisit d’aller vers Sodome et Gomorrhe. Le pauvre, il ne sait pas ce qui l’attend !

    Le razzias, ça ne date pas d’hier. Comme tout le monde de ce temps-là, tu y as participé (Gn 14, 1 à 24 ). Mais ce fut pour toi l’occasion de rencontrer un mystérieux personnage, sans père ni descendance, comme on dira plus tard (He [lettre aux Hébreux] 7, 3 ) : Melkisédeq, roi de Salem (Gn 14, 18-20) qui te fournit du pain et du vin. Tiens, comme c’est étrange ! (Mt [Matthieu] 26, 26-29)

    Pour l’instant, le Seigneur te renouvelle ses promesses et fait alliance avec toi (Gn 15, 1 à 21), et toi qui n’as toujours pas de fils, tu continues à faire confiance !

    Haggar et Ismaël

    Autre temps, autre moeurs : Sara, ne pouvant avoir d’enfant elle-même, pousse sa servante Hagar dans ton lit pour que tu puisses avoir une descendance(Gn 16, 1 à 16). Cela suscite quelques querelles entre épouses, mais l’ange du Seigneur finit par tout arranger. Hagar met au monde Ismaël. Les Arabes d’aujourd’hui le considèrent comme leur ancêtre. Ce sont donc les cousins des Israélites… et les nôtres aussi, en quelque sorte !

    Tu t’es soumis, toi, tes fils et tous tes descendants (hébreux et arabes) au signe de l’alliance qu’est la circoncision (Gn 17, 1-27). Plus tard, saint Paul jugera que, à cause de la foi au Christ, elle est devenue inutile (Rm [épître aux Romains] 3, 29-30), mais n’anticipons pas.

    La visite des trois étrangers à Mamré

    La visite des trois étrangers (Dieu ?…), que tu accueilles somptueusement au chêne de Mamré (Gn 18, 12), a bien fait rire ta femme Sara : alors que vous étiez tous les deux très vieux, il annonce que dans un an elle aura un enfant ! De qui se moque-t-on ? Et toi, tu crois que c’est possible ! C’est vrai que ta confiance en Dieu est inébranlable. Tu es devenu familier de Dieu et, quand les gens de Sodome agissent de la manière que l’on sait (Gn 19, 4 à 9 ) (c’est même resté dans notre langue !) en traitant l’étranger comme un objet de plaisir, tu oses prier pour eux, pour leur ville. Tu es gonflé…mais que ta prière est belle ! (Gn 18, 16 à 33)

    L’épreuve du sacrifice d’Isaac

    Le Seigneur en qui tu fais confiance serait-il devenu fou et sadique ? Ce fils tant espéré (Gn 21, 1 à 5 ), voilà qu’il te demande de le sacrifier (Gn, 22, 1 à 19 ) ! Et toi, de nouveau, tu ne dis rien, tu fais confiance ! Heureusement, l’histoire se termine bien ; l’ange de Dieu te demande de ne pas attenter à la vie de ton fils. Un bélier dont les cornes se sont pris dans un buisson lui sera substitué. A partir de cet instant, Isaac disparaît complètement du récit. Ne serait-ce pas pour dire que, maintenant, il n’est plus lié à toi ; il existe par lui-même, indépendamment de toi ? En tout cas, dans un style et une mentalité qui nous déroute, ton histoire nous est racontée pour souligner ta foi et, au passage, dénoncer les sacrifices humains des religions des alentours. Au fait, dans notre monde d’aujourd’hui, est-ce qu’on ne continue pas à sacrifier des enfants (et des adultes aussi) au dieu-argent ?

    Tu achètes un terrain pour ton tombeau

    Après ce suspens insoutenable, il te reste une ou deux choses à régler. Sara, ta femme, vient de mourir (23, 1 à 20) : il faut l’enterrer ; tu es un nomade n’ayant pas de terrain. Alors, par un marchandage typiquement oriental, tu en achètes un à Hébron. On en parle encore du tombeau des Patriarches ! C’est bien triste de se le disputer, en allant jusqu’au massacre de février 1994. La religion mal comprise sera-t-elle toujours source de violence ?

    Avant de mourir, tu maries ton fils

    Mais revenons à ton histoire qui tire à sa fin. Isaac, il faut le marier. Tu veux que ça reste dans ta famille. Quelle belle histoire que le mariage d’Isaac et de Rébecca ! (Gn 24, 1 à 67) Un vrai roman ! Pour eux, pour toi, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes (ce sera différent pour la descendance !). Tu peux mourir en paix. (Gn 25, 1 à 8) Mais on n’a pas fini de parler de toi : on t’appelle toujours le père des croyants !

    (1) G. Bessière : Jésus est devant – Cerf 1973

    Ces quelques lignes n’ont pas la prétention se substituer à la Bible. Au contraire, comme c’est précisé en introduction, par ces renvois (on appelle ça des références), on est invité à s’y plonger. Chacun fera bien comme il voudra ! Permettez cependant de conseiller une méthode de lecture : lire ce texte d’une traite, puis le reprendre en se reportant au texte de la Bible grâce aux références. Dans ce cas, mieux vaut avoir une Bible : il y en a de pas trop chères dans le commerce ! Vous avez dit : formation ? (voir N° de septembre du « Blé qui lève »).

    Quand on cite un passage de la Bible, on désigne d’abord le livre (exemple : Gn = Genèse), puis le chapitre (exemple = 12), enfin le ou les verset(s) (exemple = 1), ce qui donne Gn 12, 1 = Le Seigneur dit à Abram « Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir ».

    Habituellement, quand on ouvre une Bible, on remarque le nom du livre en haut, au centre de la page, puis, en haut de la page de gauche, le chapitre et le 1er verset de la page, enfin, en haut de la page de droite, le chapitre et le dernier verset de cette page.

    Dans le texte, le N° des chapitres sont en caractère gras et assez gros et les versets sont en petits caractères maigres. Cette division en chapitres et versets est la même pour toutes les bibles, quelles qu’en soient les langues et les traductions. Elle a été fixée définitivement au milieu du XVIème siècle par l’imprimeur Robert Estienne