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  • C’était en Galilée.

    "Les chemins de la foi"

    A l’aide de rames, je poussais la barque qui glissait silencieusement sur les eaux sombres du lac de Tibériade. Après la chaleur du jour, une brume s’était formée, effaçant l’horizon : le Mont des Béatitudes et les hauteurs du Golan.

    Je distribuais quelques miettes de pain aux poissons qui sautaient à l’entour.
    Une barque de pêcheurs quittait le port de Kfar Nahum.

    Simon (Pierre) était un pêcheur expérimenté. Il connaissait le lac, terrain de jeux de son enfance. Il craignait la tempête soulevée par le khamsin, ce vent brûlant venant du Néguev. Il redoutait plus encore la brume qui efface le rivage. Il était courageux, Simon, mais cette nuit-là, il eut peur (Matthieu 14, 22-33)

    Une forme – un fantôme. Il eut terriblement peur.
    C’est un homme – c’est Yéshoua – « C’est le Seigneur ». Il reconnaît le Christ.

    Dans un élan de foi, il se lance sur les eaux. Yéshoua lui tend la main. Il marche sur les eaux.

    La foi se situe au-delà de la peur. Ce fut la foi de Simon Bar Yona.

    Thomas n’était pas un mauvais garçon. Il avait suivi Yéshoua lui aussi.
    Certes il n’avait pas réalisé jusqu’où l’entraînerait le prophète de Galilée. « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment connaîtrions-nous le chemin ? »

    Te’oma (son nom araméen signifie « jumeau ») n’avait pas encore compris que le Christ devait mourir et ressusciter ; c’était trop lui demander.

    « Nous avons vu le Seigneur » s’écrièrent -ils tous ensemble, réunis dans la « chambre haute » chez Marie, la mère de Jean Marc.

    Thomas ne croit pas et les ombres du doute envahissent son âme (Jean 20, 24-29)

    - « Regarde mes mains, Thomas »

    - « Mon Seigneur et mon Dieu »

    La foi se situe au-delà du doute. Ce fut la foi de Thomas.

    Judas « ich Quérioth » - l’homme de Quérioth. Il était Samaritain.

    Sans doute par profit, l’homme de Quérioth avait-il accepté l’invite du Prophète Yéshoua.

    Mais son âme était noire comme la nuit du Jeudi Saint.

    Il avait accepté les finances du groupe :

    c’est lui qui reprocha à la femme le précieux parfum qu’elle répandait sur les pieds de Yéshoua.

    Mais cette femme ne valait pas un nuage de parfum.

    Le Christ lui-même d’ailleurs ne valait pas mieux que 30 pièces d’argent (Matthieu 26, 14-16)

    La foi ne va pas sans l’amour. Ce fut, hélas, la foi de Judas.

    Yohanan (Jean) ramendait les filets de pêche avec son frère Iaacoub (Jacques) et son vieux père Zabdi (Zébédée). Quant à la maman Shelomit (Salomé), elle se faisait beaucoup de souci pour le plus jeune.
    Le Christ Yéshoua avait appelé Yohanan comme on appelle un jeune à connaître une grande aventure (Matthieu 4, 21-22).

    Yohanan aurait peut-être préféré traîner dans les tripots de Kfar Nahum à la recherche d’une âme sœur ; mais le Christ l’invitait à un tout autre cheminement.

    La foi est aussi une aventure. Ce fut la foi du jeune Yohanan.

    C’était en Galilée. Cela fait 20 ans déjà.

    Une barque de pêcheurs rejoignait le port de Kfar Nahum.

    La lune s’était levée sur le Golan et projetait un sillon changeant sur les eaux sombres.

    Avec mes amis nous sommes allés flâner sur la plage de Guinossar (Génézareth)

    Les galets de basalte crissaient sous nos pieds.

    Nous avons fait une dernière prière, avant que la nuit nous surprenne,

    parce que la foi est au-delà de la prière.

    « La foi que j’aime le mieux, dit Dieu,
    c’est l’espérance ».

    Charles PÉGUY

    Père Joseph GUILBAUD

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