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  • La parabole du semeur (Matthieu 13, 1-9 ; Marc 4, 1-9 ; Luc 8, 4-8)

    Pour la première fois, Jésus s’adresse à son public « en paraboles » (Marc 4, 2a). Dans sa forme la plus simple, la parabole est une histoire tirée de la nature ou de la vie courante. Par son caractère d’étrangeté, elle est faite pour frapper l’auditeur et l’obliger à réfléchir sur ce qui est exactement visé au travers des images.

    D’emblée, l’histoire oriente l’attention du lecteur sur les différents terrains et leurs rendements (versets 4-7).
    JPEG_ Nous avons 3 expériences malheureuses : le bord du chemin (v.4), le sol pierreux (v.5), les ronces (v.7). Il y a la semence aussitôt picorée, celle qui ne prend pas racine et sèche à peine levée et même celle qu’on croit tirée d’affaire, qui a bien poussé, mais que les ronces étouffent.

    Et pourtant, malgré cette impression d’échec massif, voici une bonne récolte. Une semence qui donne du trente, du soixante, du cent pour un. Marc établit les rendements dans un ordre croissant (30, 60, 100). Matthieu inverse l’ordre (100, 60, 30) : même le rendement à 30 pour un est valable, pourvu que chacun produise selon ses possibilités.

    Le pluriel de Marc 4,8 (D’autres grains) montre que l’intérêt se porte sur la fécondité de chaque grain, un fruit qui monte et se développe.
    Luc va reprendre, en l’abrégeant, le récit de Marc 4, construisant une section très unifiée par le thème de l’écoute de la Parole de Dieu. Le personnage du semeur est passé tout à fait à l’arrière-plan. La prédication du Règne est adressée à tous mais elle n’est pas toujours reçue de la même manière.
    Jésus a sans doute prononcé cette parabole à l’adresse de ses proches disciples lorsqu’ils avaient l’impression que son ministère ne rencontrait que des échecs répétés.

    Jésus est sorti de Dieu pour semer la Bonne Nouvelle. Sa semence a rencontré la terre des hommes avec des succès divers. Il s’est heurté aux forces destructrices du mal (les esprits mauvais, les scribes et les pharisiens, sa parenté même). Mais il y a aussi les espoirs de la réussite. Il y a ceux qui se sont mis à croire : les disciples. Ils ne doivent pas se décourager. Aux échecs initiaux de la semence s’oppose un étonnant rendement, le succès du Règne de Dieu faisant irruption.
    « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ». Autrement dit, il y a à tirer de cette parabole bien plus qu’on ne peut le penser. Le progrès dans la Foi est possible, ce que l’allégorie des terrains va démontrer. Luc alerte son lecteur : il faut écouter à un niveau plus profond que le sens anecdotique ! il faut s’appliquer la parabole !

    Père Jean-Marie Loiseau

    jeudi 11 avril 2019