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  • Les voyages dans l’evangile

    Dans un premier article, nous avons donné un aperçu des voyages dans le Premier Testament. Nous avons vu que c’est Dieu lui-même qui se fait voyageur au cœur de l’humanité, en étant compagnon de route du peuple d’Israël. Mais son visage était caché, se révélant au travers de la personne d’Abraham, de Jacob, de Moïse et des prophètes.

    Un jour du temps, disions-nous, « le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1, 14). Le Verbe de Dieu a pris chair en la personne de Jésus de Nazareth. Venant du Père, il retourne au Père, en faisant le Passage (la Pâque) à travers sa mort et sa résurrection. Cette Pâque, il veut la partager avec tous ceux qui croiront en lui.

    Nous allons donc regarder la vie de Jésus sous l’angle du voyage. Nous choisissons de parcourir l’œuvre de Luc (évangile et Actes des Apôtres). Nous pourrons ainsi voir Jésus partir de la Galilée pour aller à Jérusalem et ensuite, dans un troisième article, voir les Apôtres partir de Jérusalem pour aller au bout du monde symbolisé par Rome.

    L’évangile de l’enfance (Lc 1, 5 – 2, 52)

    Le texte évangélique fait voyager Jésus… même avant sa naissance ! Après l’annonciation, Marie va trouver sa cousine Elisabeth qui, comme elle, attend un enfant. Elisabeth lui dit : « Comment ai-je le bonheur que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? » Marie lui répond par le cantique que nous reprenons souvent ; le Magnificat.

    Voyage encore, que nous rappelons chaque année à Noël. L’édit de l’empereur Auguste ordonnant le recensement de tout l’Empire oblige Joseph et Marie qui est enceinte à aller se faire inscrire à leur ville d’origine : Bethléem. Celui qui vient de Dieu naît au cours d’un voyage !

    Puis c’est la première venue de l’enfant à Jérusalem pour la purification : le premier-né y est offert au Seigneur, occasion pour l’auteur de l’évangile de le faire reconnaître par ceux qui, dans le récit, représentent l’Espérance d’Israël, les vieillards Syméon et Anne.

    Enfin, vient le récit du voyage à Jérusalem de Jésus à l’âge de douze ans. La parole étonnante de Jésus à ses parents ( « Ne saviez-vous pas que je dois être chez mon Père ? ») rappelle aux croyants tout le sens de son voyage sur la terre des hommes : il vient d’auprès du Père pour les prendre avec lui.

    La vie publique de Jésus

    Jésus a vécu son enracinement humain en étant simple artisan de village. On l’appellera le charpentier de Nazareth. Sa vie sédentaire ne le prépare en rien, apparemment, à sa mission future, sa vie publique, qui sera faite de déplacements continuels. Cette rupture sera perçue par ses compatriotes de Nazareth et fera leur étonnement.

    On peut partager la vie publique de Jésus en trois étapes : l’étape galiléenne, préparée par les 40 jours au désert, la marche vers Jérusalem, et ce qu’on appelle habituellement le Mystère Pascal, sa mort et sa résurrection à Jérusalem. Tout au long de ces trois étapes, Jésus se déplace continuellement.

    Sa marche à travers la Galilée (Lc 4, 14 – 9, 50)

    Cette étape est marquée par sa parole : «  Il faut que j’aille aussi dans les autres villes pour leur annoncer la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu. » Capharnaüm, au bord du lac de Tibériade, devient sa base de départ, d’où il va rayonner dans toutes les directions. Nazareth, sa ville natale, l’accueille très mal et le rejette. De village en village, il porte la parole et déploie son enseignement.

    Le bord du Lac est souvent le lieu de sa prédication. Il y recrute ses premiers disciples. Il y pose des signes forts comme la pêche miraculeuse ou la tempête apaisée. Une seule fois il passe sur l’autre rive et fait la rencontre avec un homme possédé du démon. Il l’en délivre et fait de lui son premier messager en terre païenne.

    Au cours de ces marches, il s’oppose de plus en plus aux scribes et aux pharisiens, qui n’acceptent pas son enseignement. A ceux qu’il a choisis plus spécialement, les apôtres, il laisse entrevoir par deux fois des jours difficiles (annonces de la Passion). Cependant, sur la montagne, il dévoile à ses plus proches, Pierre, Jacques et Jean qui il est vraiment : «  Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le. »

    Sa montée vers Jérusalem (Lc 9, 51 – 19, 28)

    L’évangile de Luc délimite les étapes de cette marche par trois mentions de la montée de Jésus à Jérusalem. Il continue à y délivrer son enseignement. On ne peut le résumer, même brièvement. Contentons-nous de citer ces trois mentions et d’indiquer un texte phare pour chacune de ces étapes : il y sera à chaque fois question de déplacements.

    En 9, 51 il est dit : : « Comme le temps approchait où il allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. » Au cœur de l’enseignement de Jésus, l’amour de Dieu et l’amour du prochain, comme unique commandement, est illustré par la parabole du Bon Samaritain.

    En 13, 32, il est dit : : « Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. » Le cœur de Dieu est toujours ouvert aux pécheurs. Jésus le dit par la parabole du père et des deux fils (l’Enfant Prodigue).

    En 17, 11, il est dit : : « Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée. » C’est en traversant Jéricho que Jésus fait la rencontre surprenante de Zachée le publicain. Jésus en donne lui-même la signification : «  Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».

    le Mystère Pascal (Lc 19, 29 – 24, 53)

    Il ne s’agit pas de décrire ici les derniers jours de Jésus, mais de les envisager sous l’angle des déplacements. Après son entrée triomphale à Jérusalem, son enseignement dans le temple et le dernier repas avec ses disciples, il monte au mont des Oliviers pour commencer son dernier combat, son agonie. Il y est arrêté, conduit chez le grand prêtre puis devant Pilate avec un passage chez Hérode. C’est enfin la montée au Calvaire et sa mort sur une croix.

    Au matin de Pâques, les femmes trouvent vide le tombeau où il a été déposé. Le soir de ce même jour, il chemine mystérieusement avec deux disciples sur la route d’Emmaüs. Il se révèle à eux à la fraction du pain, puis il apparaît aux disciples rassemblés. Après leur avoir donné ses dernières consignes, il les emmène à Béthanie. L’évangile de Luc se termine ainsi : «  Comme il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Eux, après s’être prosternés devant lui, retournèrent à Jérusalem pleins de joie, et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu ».

    Le deuxième volet de l’œuvre de Luc, les Actes des Apôtres, décrit le « voyage de la Parole » au vent de l’Esprit, jusqu’à l’extrémité du monde symbolisée par la ville de Rome. Ce sera l’objet du prochain article.

    Joseph CHESSERON