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  • De Jérusalem et de toute la Judée les gens venaient écouter la prédication de Yohanan le Baptiste sur les bords du Yarden (le Jourdain). Les pèlerins demandaient : « Que devons-nous faire ? » (Luc 3, 10)

    Le temps de l’Avent que nous sommes appelés à vivre est un temps de pénitence en attente du Seigneur qui vient. Comme les disciples de Yohanan nous devons nous aussi nous interroger : « Que devons-nous faire ? »

    Beaucoup de gens pensent aujourd’hui que la culture judéo-chrétienne est morte et ainsi négligent les traditions religieuses qui étaient si précieuses pour nos parents et nos grands-parents. Pour ma part, c’est dans cette tradition que j’ai appris à aimer, à respecter, à servir. En parcourant villes et villages, nous remarquons que les signes religieux de nos ancêtres sont présents mais oubliés : églises abandonnées, profanées, à la croisée des chemins les croix sont penchées. Dans nos milieux de vie le christianisme disparaît là où les chrétiens n’ont pas su construire une communauté chrétienne locale. C’est ainsi que, dans bien des familles, les enfants rejettent les pratiques religieuses, refusent le mariage et le baptême de leurs enfants.

    Par ailleurs la religion chrétienne (du moins en ce qui concerne le catholicisme) s’est souvent fossilisée dans des pratiques religieuses acquises au cours des temps, faisant croire aux pratiquants qu’ils sont sur le chemin du Royaume ; mais souvent ces pratiques se révèlent loin des enseignements évangéliques. Dans les sables mouvants que nous traversons, le retour au révélé évangélique et au vécu des premières communautés chrétiennes serait salutaire.

    En raison des évènements récents - fort déshonorants - vécus par les chrétiens, un aggiornamento paraît nécessaire au niveau ecclésial :

    - pourquoi ne pas revenir à l’ordination à la prêtrise d’hommes célibataires ou mariés, selon l’appel du Seigneur ? pourquoi ne pas permettre aux femmes d’accéder au diaconat permanent ? En son temps Paul écrivait à sa communauté de Rome : "Je vous recommande Phoebé, notre sœur, diaconesse de l’église de Cenchrées." (Rom 16,1)
    - ne faudrait-il pas revoir l’enseignement de la morale de l’Église trop rigide, bien trop contraignante en ce qui concerne la pratique de la sexualité ?
    - s’impose aussi la relecture du Concile Vatican II pour une pratique communautaire des sacrements, tel le sacrement de pénitence particulièrement ressenti en ce temps de l’Avent.

    Un peuple qui oublie son passé, dit-on, n’a pas d’avenir. Les traditions d’antan nous ont fait ce que nous sommes. Il est important d’assumer nos origines, notre culture chrétienne pour construire l’avenir de nos familles, de nos communautés, de notre société.
    Le monde rural, abandonnant la religion chrétienne, s’enfonce inexorablement dans le matérialisme athée ; aussi dans des entretiens récents avec ces personnes, en évoquant le fait religieux, j’avais l’impression de vendre des lunettes à double foyer à des personnes atteintes de cécité.
    Certes il est nécessaire d’assumer les évolutions de notre temps. Le temps ne va pas en arrière, même dans le domaine religieux. La religion chrétienne vit en permanence le « temps de l’Avent ». Julien Green a écrit : « Le chrétien est une personne qui se convertit tous les jours. »

    Dans les temps qui étaient les leurs, nos parents et grands-parents avaient retenu le précepte du Seigneur : « Restez en tenue de travail et gardez vos lampes allumées » (Luc 12, 35).
    Un écrivain de la Grèce antique raconte que, pour les Jeux Olympiques, il existait une épreuve dans laquelle le champion était celui qui franchissait le premier la ligne d’arrivée avec sa lampe toujours allumée ; ce qui constitue une belle image de ce que doit être notre foi.

    « Que devons-nous faire ? »
    Le prophète Yohanan sur les rives du Yarden nous invite à « combler les ravins » : les manques de foi, l’indifférence religieuse, le matérialisme, ce monde où Dieu n’existe pas.

    "Il parcourait la région du Jourdain, proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés." (Luc 3, 3)

    Le Baptiste proclamait un baptême de conversion : la conversion redonne de la vigueur à notre foi chrétienne et nous donne une chance de pouvoir transmettre cette même foi aux générations nouvelles qui nous interpellent.

    En pastorale, il est important que les communautés chrétiennes retrouvent l’esprit de conversion prêché par le Baptiste. Il serait opportun de reprendre les célébrations pénitentielles communautaires avec absolution collective ou individuelle, sans pourtant négliger les confessions en privé. Il est pertinent qu’elles revivent la pénitence pour recevoir le pardon du Père miséricordieux (cf : Luc 15, 11-32).

    « Quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres. » Alexis de TOCQUEVILLE

    Père Joseph GUILBAUD

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