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  • En ce 15 août, nous célébrons l’entrée au Royaume des cieux de la Vierge Marie. L’Assomption de la Mère de Dieu est fêtée dans les Églises d’Orient et d’Occident depuis le 5ème siècle.
    Le 1er novembre 1950 - en la fête de tous les Saints – le Pape Pie XII a défini l’Assomption de la Vierge comme un dogme de foi. L’Assomption de Marie est le privilège en vertu duquel l’Immaculée Mère de Dieu a été glorifiée à la fin de sa vie terrestre dans son âme et dans son corps sans attendre la résurrection finale.
    Le concile Vatican II a redéfini le culte de Marie qui ne consiste pas à prier Marie pour elle-même, comme on prie Dieu. Le culte de Marie est de prier Dieu à l’exemple de Marie, mais aussi par l’intercession de Marie.

    Nos frères chrétiens orthodoxes, eux aussi, fêtent la montée au ciel de Marie ; pour cette fête ils ont retenu le terme de « Dormition » de la Mère de Dieu. À Jérusalem, au pied du Mont des Oliviers, dans la vallée du Cédron, les pèlerins peuvent visiter « l’église de la Dormition », et peut-être y prier avec nos frères orthodoxes.
    Aussi en cette fête de l’Assomption, nous osons poser cette question :

    mais qui es-tu donc Marie de Nazareth ?

    Que nous apprennent les évangiles sur la personne de Marie ?
    Dans les différents récits évangéliques, Christ Yéshoua n’adresse la parole à sa mère que trois fois :

    - Au Temple de Jérusalem : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père. » (Luc 2, 49)
    - Aux noces de Cana : « Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore venue. » (Jean 2,4)
    - Sur la croix : « Femme, voici ton fils. » (Jean 19,26)

    Visage de la Vierge Sandro Botticelli

    Ces trois petites citations sont minces comparées à l’abondante littérature qui, au fil des siècles, nous a raconté et célébré Marie.
    La mère du Christ a été représentée tout au long de l’histoire des chrétiens ; elle a inspiré nombre de peintres et autres sculpteurs, qui en ont fait des portraits variés constituant un patrimoine considérable depuis les premiers siècles du christianisme.

    Que nous dit Marie d’elle-même ?

    Vitrail de Taizé "La Visitation"

    Marie quitta Nazareth et vint à Aïn Kérim, à la rencontre de sa cousine Elishéba (Elisabeth). En l’accueillant, l’épouse de Zacharie introduit ainsi le Magnificat : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » (Luc 1, 45)
    Dans son Magnificat, Marie se dit pauvre, humble : « Le Seigneur a porté son regard sur son humble servante. » (Luc 1, 48a) Dans son chant d’action de grâces, Marie fait remonter toute la gloire vers Dieu, son Sauveur : « Le Puissant fit pour moi des merveilles. » (Luc 1, 49)

    Que nous apprend l‘Histoire sur Marie de Nazareth ?

    Marie était juive. Son nom en hébreu est Myriam - מרים- Selon la tradition, la jeune fille est originaire de Zippori (Sepphoris), ville de Galilée où vivaient ses parents Anne et Joachim. Marie accepta d’être la fiancée de Yosseph (Joseph) à Nazareth, petit village de Basse Galilée ; c’est alors que Yahvé s’adressa à elle pour être la mère de « Yéshoua », c’est le prénom que Joseph et Marie ont donné à leur enfant. La vie de Marie a été en tout la vie d’une épouse juive. « Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils Yéshoua. »

    Marie était chrétienne, la première chrétienne, puisqu’elle était la mère du Christ. Marie est vénérée dans les différentes traditions issues des évangiles :

    Dans la tradition catholique : nombreux sont les livres, les chants, les églises, les monastères, les instituts religieux qui portent son nom ; nombreux aussi les lieux de pèlerinage où les prières montent vers Dieu par l’intercession de Marie.
    À Lourdes, le 25 mars 1858, Bernadette Soubirous demande à la Dame de dire son nom. La Dame répond : « Que soy era immaculada councepciou. »

    Dans la tradition orthodoxe où elle est appelée Μαρία (Maria), c’est la formidable présence de Marie dans son peuple par les icônes. Je me souviens d’avoir prié devant les magnifiques icônes de l’église de la « Dormition de la Mère de Dieu », à Alep dans le quartier de Jdeydeh.
    L’icône de la Vierge de Vladimir attire aujourd’hui des milliers de chrétiens russes venant rendre grâce pour le renouveau religieux dans ce pays. Marie est l’icône de la « tendresse » de Dieu pour les hommes.

    La tradition protestante est plus réticente par rapport au culte marial. Pourtant Martin Luther, le fondateur, a écrit de magnifiques homélies concernant la vie de Marie : en particulier son commentaire du Magnificat. Luther a développé surtout le thème de Marie, Mère de Dieu :
    « Je crois… que Marie, la Vierge, est une mère dans le sens le plus vrai du mot, et non seulement de l’homme Christ, mais du Fils de Dieu. » (Confession de foi de Luther sur la Cène du Christ en 1528)

    Plus près de nous, le Frère Roger Schutz, protestant, fondateur de la communauté de Taizé (un prophète parti trop tôt) aimait évoquer Marie, figure de l’Église.

    Détail d’un vitrail de Taizé "L’Annonciation"

    Pour terminer ce tour d’horizon religieux, je tiens à évoquer l’islam. Pour les musulmans (en particulier ceux avec qui j’ai partagé ma foi, à Alep, en Syrie) Marie est une des merveilles de la création qui conduit les hommes à la foi. Dans l’Islam, le nom de Marie est Maryam - Marie est citée 37 fois dans les textes du Coran. La sourate 19 est intitulée « Maryam ». La sourate 21 verset 91 dit : « celle qui est restée vierge, nous avons fait d’elle et de son fils un signe pour les mondes. »

    ***

    Note : Le fait d’avoir évoqué la richesse du culte marial m’amène à penser plus largement à la situation du christianisme aujourd’hui.
    Au lieu de ressasser tristement la division des chrétiens, ne pourrait-on pas évoquer plutôt les richesses théologiques et liturgiques de la diversité chrétienne.
    Il est certes important de mener une réflexion sur l’unité voulue par le Seigneur (cf : Jean 17, 1-21) mais ne pourrait-on pas aussi célébrer une « semaine de la diversité chrétienne » ?

    Père Joseph GUILBAUD

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    Assomption