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  • Lettre ouverte … aux Voyageurs du Second Testament

    Tout récemment, à partir de l’Evangile selon Luc, j’ai présenté Jésus, votre Maître, comme le marcheur de Dieu au cœur de notre humanité. Je voudrais maintenant m’adresser collectivement à vous, les premiers qui, à son appel, vous êtes mis en marche pour être les porteurs de la Bonne Nouvelle. Vous êtes tous importants puisque c’est vous qui, les premiers, avez planté l’Eglise. Cependant, je ne m’adresserai qu’à ceux dont parle le livre des Actes des Apôtres et encore seulement à ceux dont le récit nous rapporte les déplacements.

    Qu’ils sont beaux, les pieds des messagers de bonnes nouvelles !(Rm10, 15)

    Ma parole, il faut que l’Evangile ait complètement bouleversé votre vie, pour que vous soyez toujours par monts et par vaux ! On aurait mieux fait, au lieu des ‘Actes des Apôtres’ d’appeler le livre ‘Les voyages des Apôtres’ !
    Au départ, tout se passe à Jérusalem. Mais le meurtre d’Etienne et la persécution contre la Communauté, vous obligent à « sortir » et à essaimer. Toi, Philippe, l’un des Sept, tu te rends en Samarie ; tu y annonces la Parole, puis, sur la route de Gaza, tu baptises l’intendant de la reine Candace, avant de te rendre à Césarée, au bord de la Méditerranée, où, d’une certaine manière, tu prépares la venue de Pierre.
    Justement, Pierre, on dit de toi (Ac 9, 32) que tu te déplaces continuellement. Nous te voyons aller à Joppé puis à Césarée pour y accueillir dans l’Eglise le premier non Juif, le centurion Corneille. Un saut dans l’inconnu qui sera lourd de conséquences pour l’avenir de l’Eglise. Tes voyages missionnaires se terminent apparemment en queue de poisson (12, 17) : « … il s’en alla et se mit en route pour une autre destination. » L’auteur semble se désintéresser toi. Ce qui est important pour lui, c’est que la Parole continue à circuler.

    Paul, voyageur infatigable (2 Co 11, 21-33)

    Paul, je ne veux pas même résumer tes voyages, libres ou contraints : ils occupent plus de la moitié du livre des Actes. Ton premier voyage est celui de ta vocation sur le chemin de Damas (9, 1-31). Puis vient ton 1er voyage missionnaire, les premiers pas de la mission (ch. 13 et 14) en pays connu, proche de ta ville natale, Tarse, en Asie Mineure (la Turquie actuelle).

    Au cours du 2ème voyage missionnaire, tu orientes ton action en direction des païens (15, 36, à 18) et tu vas jusqu’en Grèce.

    Par ton 3ème voyage missionnaire tu consolides ton travail (19 – 20), là où tu es déjà passé.

    Enfin, lors du voyage de ta captivité, vers Rome, contre vents et marées, tu fais parvenir la Parole « aux extrémités de la terre » (21 à 28).

    Paul a semé… (1Co 3, 6…)

    Paul, (quand tu étais jeune, on t’appelait Saul), tu pars de Jérusalem pour aller à Damas faire prisonniers les croyants en Jésus. Devenu vieux, tu pars de Jérusalem pour Rome, prisonnier au nom de Jésus. Entre ces deux départs, que de chemin parcouru ! Antioche de Syrie est ta base de départ. Tout d’abord, tu portes la Parole en pays connu : tu es de Tarse, en Cilicie (en Asie Mineure), et les villes que tu parcours en ce premier voyage sont relativement proches. Tu partiras de là pour aller beaucoup plus loin, sur la côte ouest de l’Asie Mineure. Tu y serais bien resté, mais l’Esprit t’appelle à franchir une nouvelle étape. C’est le songe de Troas (16, 6-10) : le monde grec t’attend, avec ses grandes villes, Philippes, Thessalonique, Athènes, Corinthe. Tu restes relativement peu de temps dans chaque lieu, juste le temps d’annoncer la Parole, de mettre en place et d’organiser les communautés des croyants. Les membres de ces communautés sont sans doute peu nombreux. A Philippes, par exemple, la Communauté d’origine juive se réunit dans la maison de Lydie (16, 15) ; celle d’origine grecque se réunit chez le gardien de prison converti (16, 34) : on loge peu de monde dans une maison individuelle, même vaste ; rien à voir avec nos églises d’aujourd’hui. Ces petites communautés sont comme de graines que tu as semées en terre et qui deviendront de grands arbres.

    Vous n’êtes pas des voyageurs solitaires

    Vous ne voyagez pas seuls, exception faite peut-être de toi, Philippe : on ne connaît pas les compagnons. Toi, Pierre, tu vas avec Jean confirmer dans l’Esprit Saint la communauté de Samarie (8, 14). Tu est accompagné de quelques frères pour aller chez Corneille (10, 23).

    Toi, Paul, tu commence tes voyages missionnaires sous la direction de Barnabas (13, 3) mais, très vite, c’est toi qui, dans le récit, es nommé le premier. Au début du 2ème voyage, il y a du gros temps entre vous (15, 36-39). Vous partez chacun de votre côté. Tu prends avec toi d’autres compagnons : Silas et Timothée, puis d’autres au cours du 3ème voyage, des disciples venant de villes où tu a fondé des communautés (20, 4). Pendant ton voyage de la captivité vers Rome, tu n’es pas seul : l’auteur du récit laisserait entendre qu’il était du voyage (27, 1…). Quoiqu’il en soit, un groupe t’accompagne.

    Signification de ces récits de voyages

    Si on reste à l’aspect anecdotique de vos voyages, on est très surpris, Pierre, de ta « disparition » au niveau du récit (voir plus haut). De même à la fin des Actes, on aimerait bien savoir ce que toi, Paul, tu es devenu ! C’est surprenant, pour ce maître du récit qu’est Luc, de ne pas nous l’indiquer. Mais ce n’est pas ce qui l’intéresse. La réponse à notre question, bien légitime, se trouve dans les deux derniers versets, peut-être même dans les deux derniers mots : « Paul vécut deux années entières à ses frais et il recevait tous ceux qui venaient le trouver, proclamant le Règne de Dieu et enseignant le Seigneur Jésus Christ avec une entière assurance et sans entraves ». En définitive, qui a voyagé grâce à vous, Philippe, Pierre, Barnabas ou Paul, sinon la Parole et c’est elle qui est « sans entraves ».

    La Parole voyage aujourd’hui

    D’autres après vous sont partis. Grâce à eux, génération après génération, la Parole a voyagé et est parvenue « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac, 1-8), jusqu’à nous. Elle appelle d’autres « voyageurs » car elle ne peut voyager sans les hommes. Voyage au bout de la terre ou voyage jusqu’à la porte du voisin, ou même jusqu’à mon plus proche. Les Actes des Apôtres, c’est aujourd’hui qu’ils se continuent ! Puissions-nous, comme vous, faire voyager la Parole au vent de l’Esprit !

    Joseph CHESSERON