• Logo
  • La résurrection de Lazare. Le jour où le Christ pleura (5ème dimanche Carême Année A)

    Au pied du Mont des Oliviers, à 3 km de Jérusalem, sur la route de Jéricho, quelques maisons blanches se blottissent les unes contre les autres, comme pour mieux se faire de l’ombre : le petit village de Beth Ananyah (Béthanie) écrasé de soleil. Là vivent Marthe, Marie et leur frère Lazare (El’azar). Aujourd’hui cette petite agglomération s’appelle en arabe « Al Azarieh », le village de Lazare – comme en souvenir.
    En ce printemps de l’année 30, Jésus de Nazareth a fui la Judée. Il séjourne en Galilée. Ça suffit, ont dit les pharisiens : il faut faire disparaître Yéshoua le Galiléen (c’est ainsi qu’on l’appelait). « Le poète a dit la vérité, il doit être exécuté. »
    Lazare est malade, ça arrive à tout le monde. Marthe et Marie auraient aimé que Jésus soit là. On le fait dire à Jésus.
    La maladie s’aggrave. On s’inquiète. La nouvelle tombe brutalement : Lazare est mort. Et Jésus n’est pas là.
    On aime partager les joies, mais aussi les peines avec ses amis. Mais Jésus n’est pas là.
    Selon la coutume en Orient, on enterre Lazare le jour même ; le temps des obsèques, on pense plus que jamais que Jésus n’est pas là.

    Quatre jours se sont écoulés depuis la mort de Lazare. La rumeur se répand : Jésus arrive. Des voisins accourent par la ruelle qui conduit chez Marthe et Marie : « Il est là » . Marthe prend son voile, et, les yeux embués de larmes, va à la rencontre de Jésus. On est ému, on fait silence.

    « Où l’avez-vous déposé ? »
    « Viens voir, Seigneur. »

    Alors nous dit le reporter Yohanan : « Jésus pleura ».

    Ô Dieu, tu pleures !

    C’est le premier enseignement de ce texte : Jésus de Nazareth, homme parmi les hommes - homme comme les hommes – La faiblesse de l’homme, devant la peine, devant le mal, devant la mort.
    Mais aussi, dans le cœur de Jésus de Nazareth, la fidélité à l’amitié de l’homme, la tendresse de l’homme.
    Jésus pleura, comme les autres, avec les autres, comme nous parfois. Jésus était bien l’un de nous.
    « Ἐδάκρυσεν ὁ Ἰησοῦς » : Jésus pleura. Ces deux mots constituent le verset le plus court de la Bible ; ce qui en démontre toute l’importance pour l’évangéliste Yohanan. (verset 35 du chapitre 11)
    À quelques jours de la Pâque, à quelques jours de sa mort et de sa résurrection, Jésus va apparaître dans sa toute-puissance divine : Jésus – Seigneur, Jésus – Dieu.
    Comme d’habitude, profitant d’un évènement, Christ va faire un signe .

    Devant la tombe ouverte, en dépit de l’émotion qui l’étreint une fois encore, Jésus de Nazareth s’écrie d’une voix forte et assurée du maître de la vie - de celui qui a vaincu la mort :

    « Lazare, sors du tombeau. »
    Et Lazare s’avance…

    Seigneur, tu as vaincu la mort, Seigneur, tu as fait briller la vie.

    « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra » (Jean 11, 25)

    Jésus de Nazareth, faiblesse de l’homme et puissance de Dieu, ne cessera jamais de nous émouvoir - Au lendemain de la Pâque juive – le 9 avril de l’année 30 - Il nous étonnera plus encore :

    à l’ombre des oliviers du jardin de Joseph d’Arimathie,
    se fait entendre la voix bouleversée de Marie de Magdala :
    « Mon Seigneur et mon Dieu. »

    Ce récit (Jean 11, 1-44) nous a été rapporté
    par un témoin de l’évènement, Yohanan,
    membre de la communauté de Jérusalem.

    Père Joseph GUILBAUD

    Lire les autres textes du Père Joseph GUILBAUD