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  • Fonts baptismaux à Notre-Dame de Niort

    Enigme des fonts baptismaux de Notre-Dame de Niort


    Datés pour la partie basse du début du XVIè siècle et du XIXè pour la partie haute.

    Une cuve pentagonale 
    Le saviez vous ? la cuve a fait l’objet d’une étude approfondie par un certain Joseph Salvini.
    Objet : le nombre de côtés et l’iconographie particulièrement développée.
    Le plan des fonts baptismaux est généralement soit circulaire soit polygonal avec un nombre pair, 4, 6 ou 8 le plus souvent.
    Celui de Niort fait partie des exceptions avec 5 côtés.
    L’autre originalité est son iconographie. 5 sujets sont traités : le déluge et l’arche de Noé, Moïse frappant le rocher pour en faire jaillir l’eau (symbole retrouvé dans les catacombes), Naaman, chef de l’armée du roi de Syrie qui est guéri de la lèpre par immersion dans le Jourdain sur ordre du prophète Elisée (voir le commentaire de Jacques Lefebvre), le Christ baptisé dans le Jourdain par Jean Baptiste, la guérison du paralytique à la piscine probatique ou de Bézatha.

    Mais pourquoi 5 épisodes relatés sous 5 portiques.
    Il faut, selon notre auteur, s’attarder sur l’épisode de la guérison du paralytique : le dessin de la piscine correspond étrangement à celui de notre cuve. Chaque côté est percé d’une porte gothique en accolade. Un ange paraît dans le ciel. A l’intérieur, on devrait voir la tête d’un malade qui, le bras levé, semble jubiler d’être entré le premier et regarde l’ange. _ A l’extérieur, on voit à gauche le paralytique, assis, une béquille à ses pieds et à droite un autre malade assoupi sans doute par la longueur de l’attente.
    La piscine de Bézatha, qui était située au nord de Jérusalem près de la porte dite « Probatique » avait bien 5 portiques selon le texte de saint Jean, forme confirmée d’ailleurs par les fouilles archéologiques du XIXè.

    Dans les manuscrits où l’épisode est représenté à partir du XIè siècle, la piscine prend l’aspect d’une cuve circulaire, puis carré. Sur une tapisserie flamande du XVè siècle intitulée « la Vierge glorieuse », allégorie du baptême en 3 volets, la Vierge au centre se tient devant une cuve baptismale à 5 côtés. On est en 1485. On retrouve ce dessin sur d’autres œuvres du XVIè siècle.

    Cette forme pourrait être inspirée par une recherche de réalisme archéologique en lien avec l’humanisme naissant.
    Mais pas seulement : Le catéchisme du Concile de Trente, publié en 1566, fait état de 4 épisodes pour symboliser le baptême : le déluge, le passage de la mer rouge, l’épisode de Naaman et la piscine probatique. Nous en retrouvons 3 sur les fonts baptismaux de Niort.

    Conclusion : les fonts de Notre Dame de Niort sont un des ensembles les plus complets d’une symbolique baptismale.

    Autre énigme  : pourquoi cette partie XIXè qui recouvre le XVIè ?
    De 1771 à 1773, non seulement on intervertit l’orientation de l’église, mais on s’efforça de supprimer tout ce qui était « gothique ». La chapelle des fonts baptismaux, ainsi que sa cuve, fut transférée à l’autre extrémité de l’église, de façon à être près de l’entrée nouvelle.

    Entre 1859 et 1893, on transforma le mobilier et même le gros œuvre de l’église en effaçant autant que possible les traces des styles classiques.
    On retailla des murs et des piliers, on sculpta des raccords, on refit des moulures, des chapiteaux, des clés de voûtes.

    Yolande Réhault