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  • Le SABBAT

    Commentaire

    Dans le précédent article, nous avons présenté un certain nombre de textes concernant le Sabbat, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament. Question secondaire pour les hommes d’aujourd’hui ? Est-ce si sûr ? Croyants ou non, notre vie, dans le monde influencé par le Judaïsme et le Christianisme (et sans doute au-delà) se déroule selon un calendrier qui trouve son origine dans la Bible. Dans les lignes qui suivent, nous réfléchirons aux sens donnés au sabbat dans l’Ancien Testament. Jésus, en bon Juif, observait le sabbat mais, à plusieurs reprises, il l’a situé à sa vraie place. Enfin nous essaierons de répondre à la question : « Quels sens donner aujourd’hui au repos hebdomadaire ? »

    Questions à notre calendrier

    Notre calendrier résulte de la conjonction d’un calendrier solaire du fait de la rotation de la terre sur elle-même et autour du soleil, et d’un calendrier lunaire du fait de la rotation de la lune autour de la terre. Ainsi, nous avons des fêtes fixes qui dépendent du premier (Noël entre autres) et des fêtes variables suivant le second : Pâques et les fêtes qui en dépendent.

    Les gens de la Bible vivaient au rythme du calendrier lunaire. Pourquoi ce rappel ? simplement pour dire quelle est l’origine de notre semaine, qui dépend en gros des quatre phases de la lune et donc, dans la Bible, de la détermination du 7ème jour, le Shabbat (ou sabbat).

    Les grandes religions monothéistes prévoient un jour de repos par semaine, le shabbat (ou samedi) pour les Juifs, le vendredi pour les musulmans. Les chrétiens ont choisi le dimanche pour rappeler que Jésus est ressuscité le premier jour de la semaine. Mais c’est aussi le huitième jour, le jour au-delà du temps, à la fin des temps.

    Les fondements du sabbat dans l’Ancien testament.

    Trois textes déterminent le sens du sabbat :

    En Genèse 2, 1-3 :
    Dieu, en se reposant le 7ème jour, se met à distance de sa création ; il lui laisse son autonomie et en particulier à l’homme, sommet de la création. Il se situe en vis a vis de lui et pourra ainsi dialoguer avec lui (on ne parle qu’avec un autre différent de soi). En même temps, il montre que le soleil, la lune, les étoiles, les sources, etc… ne sont pas des dieux, mais œuvre de Dieu. Dieu ‘faisant sabbat’, c’est le message que les prêtres, qui ont écrit le poème de la création, ont voulu communiquer.

    En Exode 20, 8-11
    Pour les auteurs de l’Exode, la justification du sabbat est fondée sur le récit de la création. De même que Dieu se met à distance de son œuvre, l’Israélite ne doit pas s’enfermer dans son travail. Il doit se distinguer de lui, prendre du recul, se donner une respiration. Et ce sera vrai aussi pour son entourage. C’est tout le peuple d’Israël qui, en même temps, doit se consacrer à Dieu et se dégageant de son travail.

    En Deutéronome 5, 12-15

    Les auteurs du Deutéronome rattachent le sabbat à la libération de l’esclavage d’Egypte. Ils soulignent son rôle social, en l’enracinant dans l’affirmation que Dieu est libérateur. Ce jour doit permettre aux esclaves (ou serviteurs) de se reposer, ce qui est une reconnaissance de fait de la dignité humaine de la personne de l’esclave, qui doit être libéré lors de l’année sabbatique ( tous les sept ans). Il est à noter que ce texte sans doute antérieur à la civilisation grecque est bien plus respectueux de la dignité de chaque homme, y compris de l’esclave.

    Jésus et le sabbat

    Le service de l’homme.

    En bon Juif, Jésus respectait le sabbat. Ce jour-là, il allait à la synagogue. Cependant il ne veut pas que les prescriptions du sabbat soient observées au détriment de l’homme. Il laisse ses disciples se nourrir avec le grain des épis de blé froissés et prend des exemples dans la vie courante : « Si ton âne ou ton bœuf tombe dans un trou, ne l’en retireras-tu pas même le jour du sabbat ? ». Sa formule « Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat » reste la meilleure approche de ce que doit être la Loi : un service de l’homme, et non l’inverse.

    Ce qui est premier pour Jésus, c’est la vie, ce qui est bon pour l’homme. Pour le montrer, il se met à l’écoute des blessés de la vie (voir les récits de guérison le jour du sabbat), montrant ainsi que la vie d’un homme est plus importante que le respect d’une règle religieuse aussi importante que le repos du sabbat.

    Jésus maître du sabbat.

    Tout homme de bon sens peut dire ce qui précède. Mais les textes vont plus loin. Par l’affirmation « Le Fils de l’homme est maître du sabbat », Jésus ce place sur le même plan que Celui qui a donné la Loi à Moïse, c’est-à-dire le Seigneur lui même. Il le paiera de sa vie. Mais pour nous, chrétiens, c’est le cœur même de notre foi.

    Pour l’homme d’aujourd’hui

    Un sondage récent indique que, pour trois français sur quatre, le dimanche n’a plus de signification religieuse. On peut le déplorer : ça ne changera rien à l’affaire. Il vaut mieux remarquer que la plupart veulent faire une coupure par rapport à leur travail pour vivre autre chose. La question est de savoir à quel moment et avec qui. Pourquoi le respect d’un jour de repos commun à tout un groupe humain ? Dans le monde individualiste où nous vivons, cette exigence ne saute pas aux yeux (voir le problème de l’ouverture des magasins le dimanche, ou celui des usines tournant sept jours sur sept). Par ailleurs, depuis toujours, des professions ont travaillé tous les jours, même si le travail du dimanche était allégé (il faut bien nourrir les bêtes ou les traire tous les jours !).

    Nous sentons bien notre société évoluer dans un sens de déréglementation. En même temps, la majorité des activités humaines reste régie par le rythme hebdomadaire du dimanche, quitte à anticiper sur le samedi. Il ne s’agit pas de se cramponner à un certain passé. Il s’agit de conserver un cadre où la vie collective (famille, loisirs, manifestations culturelles…) puisse s’épanouir.

    Sans vouloir donner de leçon à personne, les chrétiens sont appelés à témoigner d’une part que le temps appartient à Dieu, et d’autre part que l’homme est bien plus que ce qu’il produit par son travail. Enfin ils veilleront, avec les autres à sauvegarder la dimension communautaire de l’homme. N’est-ce pas important de rappeler cela aux hommes de notre temps ?

    Joseph CHESSERON