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  • Vivre la Foi : L’Eucharistie

    Le Partage du Pain dans les Actes des Apôtres

    Notre recherche sur l’Eucharistie dans les Ecritures nous amène à voir ce que nous disent les Actes des Apôtres. En fait, à proprement parler, Il n’y a que deux textes où la fraction du pain correspond à l’Eucharistie (Ac 2, 42-47 et Ac 20, 7), Mais nous ajoutons ce que les exégètes appellent un sommaire (Ac . 4, 32-37) ; c’est une présentation apparemment idyllique de la primitive Eglise qui, en fait, indique le but qu’elle devra pour suivre tout au long de l’Histoire, nourrie par le partage eucharistique du Corps du Seigneur..

    Actes 2, 42-47

    42 Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. 43 La crainte gagnait tout le monde : beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les apôtres. 44 Tous ceux qui étaient devenus croyants étaient unis et mettaient tout en commun. 45 Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous, selon les besoins de chacun. 46 Unanimes, ils se rendaient chaque jour assidûment au Temple ; ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de cœur . 47 Ils louaient Dieu et trouvaient un accueil favorable auprès du peuple tout entier. Et le Seigneur adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut.

    Actes 4, 32-37

    32 La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme et nul ne considérait comme sa propriété l’un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun. 33 Une grande puissance marquait le témoignage rendu par les apôtres à la résurrection du Seigneur Jésus et une grande grâce était à œuvre chez eux tous. 34 Nul parmi eux n’était indigent : en effet, ceux qui se trouvaient possesseurs de terrains ou de maisons les vendaient, apportaient le prix des biens qu’ils avaient cédés 35 et le déposaient aux pieds des apôtres. Chacun en recevait une part selon ses besoins

    Actes 20, 7-12

    7 Le premier jour de la semaine, alors que nous étions réunis pour rompre le pain, Paul, qui devait partir le lendemain, adressait la parole aux frères et il avait prolongé l’entretien jusque vers minuit. 8 Les lampes ne manquaient pas dans la chambre haute où nous étions réunis. 9 Un jeune homme, nommé Eutyque, qui s’était assis sur le rebord de la fenêtre, a été pris d’un sommeil profond, tandis que Paul n’en finissait pas de parler. Sous l’emprise du sommeil, il est tombé du troisième étage et, quand on a voulu le relever, il était mort. 10 Paul est alors descendu, s’est précipité vers lui et l’a pris dans ses bras : " Ne vous agitez pas ! Il est vivant ! " 11 Une fois remonté, Paul a rompu le pain et mangé ; puis il a prolongé l’entretien jusqu’à l’aube et alors il s’en est allé. 12 Quant au garçon, on l’a emmené vivant et ç’a été un immense réconfort.

    Eucharistie domestique

    Dans la Bible, les repas familiaux ont une grande importance. Les premières communautés chrétiennes sont nées en milieu juif. Elles ont gardé longtemps les coutumes juives (ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de cœur), en particulier les repas de fête, et c’est pendant ces repas qu’était commémoré ce que Jésus avait fait avec le pain et la coupe lors de son dernier repas. Les communautés d’origine « païenne » ont fait la même chose. Nous en avons le premier témoignage dans la 1ère lettre aux Corinthiens (voir Blé Qui Lève – février 2005). Elles étaient de dimension assez modeste pour pouvoir se réunir dans des maisons particulières. A partir que quel moment a-t-on célébré le Repas du Seigneur en-dehors d’un repas ordinaire ? Nous ne le savons pas précisément, pas plus que nous n’en savons les raisons. Peut-être à cause des abus dénoncés par Paul, ou aussi à cause du nombre grandissant des chrétiens. En tout cas, très vite l’Eucharistie n’a plus été célébrée dans les maisons, comme au début, mais dans des lieux particuliers qui sont devenus nos églises, et qui ne convenaient plus pour un repas familial.

    Un « fait divers » riche de sens

    Ce sous-titre est volontairement provocateur. En effet, Luc ne veut justement pas rapporter un fait divers. Il ne raconte jamais une histoire « gratuitement » ; il en a averti le destinataire de l’Evangile, et aussi des Actes puisque c’est une œuvre unique (Lc 1, 3-4), : «  J’ai écrit pour toi un récit ordonné pour que tu puisses constater la solidité de l’enseignement que tu as reçu ». A travers cet événement, il nous dit quelque chose de la foi chrétienne et de la vie de l’Eglise. Nous voyons cette communauté réunie dans une maison particulière (mention du 3ème étage), le 1er jour de la semaine (qui deviendra notre dimanche), pour rompre le pain. Il y a une « liturgie de la Parole »faite par Paul et qui se prolonge tellement qu’elle provoque l’endormissement et la chute du malheureux jeune homme. Luc met dans la bouche de Paul des paroles et des gestes qui font penser à ceux de Jésus à l’égard de la fille de Jaïre (Lc 8, 52). La mort et le retour à la vie du jeune homme est tressée avec la liturgie de la Parole et du Pain, liturgie qui, par elle-même, est ordonnée à la Vie. Et c’est sans doute l’enseignement que l’auteur invite le lecteur à recevoir.

    Un idéal de vie en Eglise

    Les deux premiers textes cités présentent une image idyllique de la primitive Eglise. Nul doute qu’il y ait eu au début une ferveur extraordinaire. Mais l’auteur lui-même modère les enthousiasmes en mentionnant la tromperie d’Ananias et Saphira sur le prix du terrain qu’ils ont vendus (Ac 5, 1-11), et les dissensions entre Hellénistes et Hébreux qui vont amener la création du groupe des Sept (Ac 6, 1-6). Ecrits après une vie d’Eglise déjà longue (vers 85), ces textes sont certainement une proposition d’un idéal à poursuivre ,plus qu’une description fidèle de la réalité. Ces communautés doivent affronter les persécutions. Elles sont sans doute confrontées à des divisions et aussi à une certaine tiédeur due à l’usure du temps. L’auteur veut les remettre dans la bonne direction, en rappelant la double dimension du repas du Seigneur : la foi au Christ ressuscité et l’amour fraternel.

    Une Parole pour aujourd’hui

    Ces textes restent pour nous d’une urgente actualité. Aujourd’hui encore l’Eucharistie doit garder pour nous ses dimensions de fête, de confession de foi (écoute de la Parole) et de partage fraternel (charité). L’idéal proposé par Luc doit rester notre boussole : le Christ vivant nourrit les croyants par sa Parole et son Pain ; il nous engage en même temps au service de nos frères. Voulons-nous ensemble prendre ce chemin ?

    Joseph CHESSERON